L’art à bras-le-corps

Un autre axe privilégié par le Frac est celui du son. Lancé en 2020 avant d’être interrompu par la crise sanitaire, le cycle d’expositions consacrées à la danse dans l’art contemporain s’inscrit naturellement dans le prolongement de ces deux thèmes. Après « Dancing Machines », « Danser sur un volcan », dont le titre reprend l’expression populaire qui désigne une forme d’insouciance au moment d’un danger imminent, présente une sélection d’œuvres d’artistes et de chorégraphes mettant en scène le corps dans l’espace. Le corps du visiteur dans De la verticale à l’horizontale (1970), installation d’une quarantaine de bâtons « tombant » le long d’un mur, entre lesquels un performeur évolue… Le corps de l’artiste aussi, quand celui-ci doit se surpasser ou se faire violence pour parvenir à créer – dans la vidéo Drawing Restraint 2 (1988), Matthew Barney tente par exemple de dessiner sur un plafond à l’aide d’un trampoline. Le corps est drôle lorsque Shahar Marcus simule, dans une vidéo de 2010 ( Leap of Faith ), le saut dans le vide d’Yves Klein depuis… le pas d’une porte. Il est ubuesque quand Franck & Olivier Turpin tentent de danser un tango entravés par un dispositif qui évoque fort les « distanciations sociales » actuelles. Il est virtuose dans les peintures du jeune Dhewadi Hadjab, fragile quand deux personnes s’échangent, selon la consigne de Micha Laury, leur propre souffle jusqu’à perdre connaissance ( Slow Exchange Intoxication, 1975), mais toujours émancipé. Après plusieurs mois de corps entravés par le confinement, cette exposition fait du bien.