PARIS - Il y a 3 000 ans, un peuple de langue austronésienne originaire d’Asie insulaire débarquait dans les îles de l’archipel de Bismarck (est de la Nouvelle-Guinée).
Pendant plus de deux siècles, ce groupe de population a migré d’île en île, sur un territoire couvrant près de 4 500 kilomètres carrés, d’abord vers l’archipel des Reef/Santa Cruz, puis au Vanuatu, en Nouvelle-Calédonie et à Fiji, pour atteindre, vers 980-850 avant notre ère, les îles Tonga et Samoa. Son signe distinctif : une production céramique d’une réelle homogénéité, dénommée « Lapita », du nom du site archéologique de Nouvelle-Calédonie où le premier grand ensemble de ce type de pièces fut découvert.
D’abord considérées comme des vestiges d’un grand intérêt esthétique, les céramiques ont ensuite permis aux chercheurs de définir un véritable ensemble culturel Lapita. Marquées par des motifs géométriques exécutés en pointillé, ces poteries conçues avec de l’argile de marais selon une technique bien précise représentent un « marqueur archéologique unique en son genre », comme le soulignent Christophe Sand, directeur de l’Institut d’archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique, et Stuart Bedford, chercheur au département d’archéologie et d’histoire naturelle de l’Australian National University. Les deux spécialistes sont aujourd’hui les commissaires de l’exposition que le Quai Branly consacre aux premiers habitants du Pacifique sud-ouest. Pour décrire l’histoire complexe de cette migration, la scénographie a multiplié les outils didactiques : cartes, schémas, reconstitutions des motifs figurant sur les pièces et panneaux viennent compléter la présentation d’une dizaine de poteries entières et de divers tessons.
Aujourd’hui, trois cents sites Lapita ont pu être identifiés sur l’ensemble du Pacifique sud-ouest. Parmi les découvertes, la mise au jour, en 2004, d’un cimetière à Téouma dont l’identification de soixante-treize récipients identifiés a fourni des données essentielles quant au rôle des céramiques dans les rituels Lapita. Grâce à ce parcours soigné, les visiteurs peuvent se confronter au fruit des fouilles archéologiques récentes tandis que les tapas, nattes et bois sculptés exposés plus loin illustrent la filiation entre les éléments décoratifs Lapita et les traditions artistiques océaniennes. La démonstration se conclut avec une sélection de pièces artisanales contemporaines du Vanuatu.
Jusqu’au 9 janvier 2011, Musée du quai Branly, 37, quai Branly, 75007, Paris, tél. 01 56 61 70 00, www.quaibranly.fr, tlj sauf lundi 11h-19h 11h-21h le jeudi, vendredi et samedi. Catalogue, éd. Somogy, 304 p., 39 euros.
À voir aussi :MASQUES PRIMITIFS DU NÉPAL, ensemble de 22 pièces issues d’une donation faite en 2003, (jusqu’au 9 janvier).
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Lapita révélé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°337 du 16 décembre 2010, avec le titre suivant : Lapita révélé