L’ancien est à la mode à la Biennale des antiquaires

Ce dernier reconnaît avoir « remonté les bretelles de certains marchands », pour qu’ils exposent des pièces inédites. Des galeristes font ainsi le choix ambitieux du one man show. Carlo Scarpa est exposé chez Yves Gastou, Gio Ponti à la Galerie du Passage, Youla Chapoval chez Antoine Laurentin et Jean Royère chez Patrick Seguin.
À l’inverse des tendances du moment, on compte très peu d’antiquaires d’arts décoratifs du xxe parmi les huit nouveaux entrants. Une des plus vieilles maisons d’antiquaires, la maison Kraemer, fait partie de la fournée. La galerie ne manquera pas de surprendre ses visiteurs avec une confrontation de deux cubes de verre de seize mètres carrés se faisant face. Alors que l’un est garni de lattes de parquet venant de Versailles et de tissu, et l’autre de revêtement d’acier et d’objets contemporains, tous deux mettent en scène du mobilier XVIIIe quasi identique. Ceci pour botter en touche l’idée que les meubles anciens sont démodés.
Chez Bertrand de Lavergne, on peut admirer un grand vase coloré au pourpre de Cassius venant de la Chine du xviiie siècle. Michel-Guy Chadelaud propose pour sa part des créations du XIXe siècle, œuvres d’ébénistes et de bronziers comme Eugène Chigot, Gabriel Viardot ou Ferdinand Barbedienne, très peu vus jusqu’à présent à la Biennale. La galerie ALFA, qui est la plus jeune enseigne acceptée, dédie son stand aux dessins modernes : Picasso, Modigliani, Léger, Kandinsky, Klimt ou Gauguin.
Enfin, la touche plus contemporaine du mobilier est apportée par Willy Huybrechts, avec un focus sur la maison Dominique, créée en 1922. Si celle-ci conçut du mobilier pour toutes les bourses, le galeriste a sélectionné les seuls meubles luxueux des années 1930, en galuchat et parchemin, dont certains ne sont jamais sortis en vente.