Le musée du Luxembourg se risque à une anthologie extensive de l’abstraction lyrique. Un voyage poétique et contrasté qui témoigne d’un état d’esprit bien plus que d’un vocabulaire formel.
Abstraction lyrique, art informel, abstraction paysagiste, peinture gestuelle ou tachisme, l’après-guerre voit jaillir en France une kyrielle de terminologies, manifestes et autres regroupements promettant le renouvellement des problématiques picturales.
Durant les dix années qui suivent la Libération, une génération d’artistes, de critiques, de galeristes et d’écrivains s’engage impatiemment dans la nébuleuse de l’abstraction. C’est à cette génération que reviendra la charge d’asseoir une véritable théologie picturale sur la scène parisienne, celle du souffle lyrique dont le musée du Luxembourg rend compte.
Une rupture formelle
En dépit d’orientations disparates (parfois même adverses) les positions défendues par Bram Van Velde, Hans Hartung, Vieira Da Silva, Wols, puis Georges Mathieu, Jean Messagier, Soulages ou Zao Wou-ki ont ceci en commun qu’elles rompent avec les utopies d’avant-guerre. Il est alors moins question de progrès, de rêveries constructivistes et de prophètes que de liberté reconquise et d’irréductibilité de la peinture sur fond de désenchantement.
À défaut de la définir, on baptise l’abstraction lyrique en 1947. Georges Mathieu découvre les toiles minérales de Wols chez René Drouin et à la fin de l’année, expose avec Camille Bryen, Atlan, Riopelle, Hartung et… Wols. En 1948, à la galerie Colette Allendy, Mathieu rassemble HWPSMTB (pour Hartung, Wols, Picabia, Stahly, Mathieu, Tapié, Bryen). Une filiation aléatoire a pris corps.
La libération du geste
À la facture lisse et ordonnée, aux couleurs circonscrites et aux canevas géométriques des aînés s’oppose à la fin des années 1940 un univers pictural déteint, tout en frottements, en grattages, en dissolution de formes pâles à peine circonscrites. Les peintres se concentrent sur le geste et la libération de la forme. La surface accueille des jeux de tensions ou d’improvisation formelles, jouant de vitesse ou d’extrême lenteur et d’effets de matière avec laquelle s’engage désormais le corps du peintre.
À la polémique succède bientôt la vitalité, le triomphe, l’autorité, les adhésions tardives puis l’épuisement de l’élan, devenu «manière», style ou presque au seuil des années 1960.
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L’abstraction prend des accents lyriques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : L’abstraction prend des accents lyriques