Dans une exposition synthétique, le Musée des beaux-arts de La-Roche-sur-Yon entre dans la vie privée de l’empereur et dresse son portrait intime à grands traits.
La-Roche-sur-Yon.« Tout semble avoir été écrit sur Napoléon » : c’est sur ces mots que s’ouvre le parcours. À voir la vague d’expositions consacrées à la figure napoléonienne qui a déferlé sur la France au cours des dernières années, on serait aussi tenté de dire que tout semble avoir avoir été montré sur l’empereur, ses faits politiques, son entourage. Cela n’a pas empêché le Musée des beaux-arts de La-Roche-sur-Yon d’apporter sa pierre à l’édifice, répondant ainsi à une volonté de la municipalité vendéenne qui, en bonne ancienne cité impériale, mise fortement sur l’image de Bonaparte. Avant de fermer ses portes pour un grand déménagement (lire JdA n° 518 du 1er mars 2019), l’institution a fait le choix – pragmatique au vu de la petitesse des espaces (200 m2) – d’aborder le grand homme sous l’angle de son intimité. « Nous n’aurions pas pu présenter de grandes peintures de scènes de batailles », explique la commissaire Sarah Chanteux, chargée des collections du musée.
Le champ couvert par la manifestation reste cependant large. Chrono-thématique, le circuit pavé de 120 œuvres déroule l’enfance turbulente du jeune Nabulio passée en Corse, l’organisation type des journéesde Napoléon, l’immense goût pour la lecture qu’il conserva toute sa vie, son expansivité dans le sentiment amoureux, son rôle de père attentionné, les soubresauts de sa lignée dynastique… Naviguant entre l’anecdote (Napoléon ne passait que quelques minutes à se sustenter, mais plusieurs heures à sa toilette) et les analyses de fond (l’empereur utilisait volontiers la monstration de certains pans de sa vie privée comme outil de propagande), le portrait de l’homme privé qui a nourri l’homme public est esquissé à larges traits comme c’est le cas de celui de ses proches. Selon leur place dans la trajectoire napoléonienne, les figures de la mère sévère et protectrice (Letizia Bonaparte), de l’objet des passions incandescentes (Joséphine de Beauharnais), de la maîtresse patriote (Marie Walewska), de l’alliance de raison (Marie-Louise d’Autriche), du fils tant attendu (le roi de Rome) ou de la fille adoptive fidèle (Hortense de Beauharnais) sont abordées sommairement (certaines ont d’ailleurs déjà fait l’objet d’une exposition biographique). Si cette exposition de synthèse n’ambitionne pas véritablement de débroussailler des territoires inexplorés de l’univers napoléonien, elle n’en est pas moins d’une grande clarté, parfaitement mise en scène, et offre une sélection pointue d’œuvres émanant des principaux conservatoires de la mémoire napoléonienne, du Palais Fesch d’Ajaccio au château de Fontainebleau en passant par le musée yonnais lui-même. Elle a ainsi obtenu un label d’exposition d’intérêt national mérité.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°522 du 26 avril 2019, avec le titre suivant : La vie intime de Napoléon