Angers (49)

La tapisserie fait de la résistance

Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine Jusqu’au 31 octobre 2015

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 24 juin 2015 - 306 mots

Qui a dit que la tapisserie prenait la poussière ? Pas au Musée Jean-Lurçat qui trace dans cette exposition une petite histoire de l’art tissé contemporain.

Le parcours est chronologique et rapide, contraint par l’espace du musée. Mais comme toujours à Angers, le choix des œuvres est judicieux et sensible et met en avant avec une grande clarté les révolutions de cet art. Le début de l’histoire fait la part belle à Jean Lurçat qui a donné son nom au musée, et qui est connu pour avoir redoré le blason de la tapisserie en faisant venir à elle des artistes comme Georges Rouault dont on peut admirer Trois têtes ou Trio tissé de 1934. Au côté de Jean Lurçat, la galeriste Marion Cuttoli persuade Picasso de donner des cartons de ses peintures. Ainsi tombe du métier La Danse en 1967. En maître lissier, Pierre Daquin tisse d’après une lithographie l’œuvre Drakkar de Sonia Delaunay. Mais il est aussi un créateur qui prend part au mouvement d’artistes de La Nouvelle Tapisserie dans les années 1960 qui se passent de l’intermédiaire des artisans pour créer eux-mêmes à partir de fils et de tissages non traditionnels, renouvelant entièrement cet art millénaire. L’exemple le plus frappant de l’exposition : des graminées tressées par Marinette Cueco (Entrelacs : « Graminée Agrostis alba », 1985). Les femmes ont en particulier récupéré cet artisanat dit « féminin » pour dénoncer la condition du « sexe faible ». C’est le cas d’Annette Messager qui brode des proverbes populaires et sexistes ou crée une tenture à partir de ballots de vêtements, symbole de l’oppression domestique (Doomestic, 2000). L’œuvre la plus récente date de 2011 : La Rue parle n° 2 de l’Indonésien Eko Nugroho, qui rassemble des tissages faits par des femmes de son pays de photographies de rues de Paris prises lors d’une résidence en France. L’art tissé n’a pas dit son dernier mot.

« Tapisserie? De Picasso à Messager »

Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 4, boulevard Arago, Angers (49),www.musees.angers.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : La tapisserie fait de la résistance

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