La révélation Nussbaum

Inspirées de Van Gogh, du Douanier Rousseau ou de Chirico, plus encore de Ludwig Meidner ou de James Ensor, les toiles de Felix Nussbaum entrent en résonance avec les œuvres de artistes de la Nouvelle Objectivité. Mais surtout, son œuvre est unique, bouleversant, marqué par les crises que traverse l’Allemagne dans les années 1920 et 1930, la montée du nazisme, les horreurs de la guerre. « Un art engagé d’un genre particulier », résume Laurence Sigal-Klagsbald, directrice du MAHJ. Nussbaum est interné durant l’été 1940 en France au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), d’où il s’évade pour rejoindre Bruxelles. Il vit dans la clandestinité jusqu’à son arrestation en juin 1944 et sa déportation à Auschwitz. Destruction (2), peinte en 1933 ; Autoportrait dans le camp (1940) ; Autoportrait au passeport juif (1943) ou l’imposant Triomphe de la mort, datant de 1944, sont autant de visions d’angoisse et de désolation d’un artiste que Laurence Sigal-Klagsbald décrit comme « un peintre de l’anxiété, de la clandestinité, de l’enfermement ». Les œuvres proviennent en majorité de la Felix-Nussbaum-Haus, à Osnabrück (Allemagne), inaugurée en 1998. L’institution, fermée pour travaux, doit rouvrir ses portes en mars 2011.