Il faut de l’audace pour monter une exposition sur l’iconographie républicaine de 1870 à 1900, même si Belfort (le Lion, Jean-Pierre Chevènement…) se prête facilement à l’exercice.
Les allégories de la République dans la statuaire, les décors des mairies ou les tableaux commémoratifs ne sont pas véritablement des œuvres à émotion ou délectation. C’est le propre de tout art officiel qui ne cherche pas à plaire mais à mettre en image son programme, surtout celui-ci. Au lendemain de la défaite contre la Prusse et de la Commune, la jeune République veut affirmer ses valeurs et unifier la nation. Elle détermine les thèmes – le travail, la défense du pays, les nouveaux héros – mais laisse les artistes libres de leur style. Une esthétique réaliste et inexpressive s’impose naturellement. Aujourd’hui elle paraît d’autant plus ennuyeuse qu’on l’associe aux manuels scolaires et qu’on l’oppose à l’école impressionniste, beaucoup plus séductrice avec ses paysages colorés et rieurs.
Nicolas Surlapierre, directeur des musées de Belfort, a relevé le défi et propose aux visiteurs une pertinente séquence. L’exposition s’ouvre avec Courbet le Communard et le renversement de la colonne Vendôme. Puis elle célèbre les grands hommes de la République dans une period room, avant d’évoquer le concours pour la colonne de la place de République. Le projet des frères Morice est préféré à celui de Dalou à qui la Ville de Paris propose, en compensation, d’installer son Triomphe de la République sur la place de la Nation (ex-place du Trône).
Le point d’orgue est bien évidemment constitué par une sélection de bustes de Marianne. Contrairement à ce que l’on croit parfois, il n’existe pas de modèle officiel, chaque municipalité, aujourd’hui comme hier, peut commander sa Marianne à un artiste local ou national. Il en résulte une large diversité autant sur le plan esthétique que symbolique. En prenant le temps de regarder différemment une imagerie désuète, l’exposition permet aussi de prendre conscience des valeurs fédératrices qui structurent la société française.
« La muse républicaine. Artistes et pouvoirs 1870-1900 », Tour 46, rue Auguste-Bartholdi, Belfort (90), tél. 03 84 54 25 51, du 14 juillet (évidemment !) au 14 novembre 2010.
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La République des images
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : La République des images