Si Derek Jarman (1942-1994) est reconnu comme une figure majeure du cinéma underground britannique, c’est une facette méconnue de l’œuvre de l’artiste qui est mise à l’honneur au Crédac.
Première exposition d’envergure consacrée à son travail en France, « Dead Souls Whisper » rassemble une cinquantaine d’œuvres – principalement des peintures et assemblages –, que l’artiste anglais réalise entre 1986, date du diagnostic de sa séropositivité, et sa mort des suites du sida en 1994. L’exposition débute, dans la grande salle du Crédac, par la présentation de sa dernière série, les Queer Paintings (1992), dans lesquelles il dénonce avec rage l’homophobie des médias et de la société britanniques en recouvrant des coupures de journaux de mots tels que « sex », « queer », « AIDS »… L’importance du langage se vérifie dans la dernière salle de l’exposition, qui présente l’ultime création de Derek Jarman, et probablement son chef-d’œuvre : Blue. Durant soixante-dix-neuf minutes, nous sommes invités à fixer un écran uniformément bleu, et à focaliser ainsi notre attention sur la bande son hypnotique et polyphonique qui relate par fragments l’expérience du sida. Les deux autres salles de l’exposition présentent des Black Paintings, petits assemblages d’objets récupérés, de goudron et de peinture, réalisés à la fin des années 1980, alors qu’il s’est retiré à Dungeness, dans le Kent, où il cultive son désormais célèbre jardin. Ces œuvres méconnues sont mises en regard de films Super 8 datant des années 1970, afin de créer des échos et de montrer la cohérence de l’ensemble de sa carrière. Pour Claire Le Restif, commissaire, « ce format d’exposition en hommage à Derek Jarman est avant tout artistique, mais il peut également être considéré comme mémoriel, car peu nombreux sont les récits visibles dédiés à l’épidémie du sida. » Pari tenu avec cette très belle exposition témoignant de la puissance esthétique, mais également militante, du travail de l’artiste, dont la rage résonne aujourd’hui encore.
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La rage sublime de Derek Jarman
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : La rage sublime de Derek Jarman