La peinture enragée de Miriam Cahn

Car c’est sans concession, à travers des représentations crues et féroces, que l’artiste suisse née en 1949, dénonce depuis des décennies les violences et l’horreur de la guerre. Le tableau mis en cause, intitulé Fuck Abstraction!, fait d’ailleurs écho à l’actualité récente, à savoir le massacre de Boutcha, lors de l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Pour l’artiste, représenter ces actes cruels est une manière de dénoncer « la manière dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l’humanité ». Révoltée, voire hantée, par la guerre et ses atrocités, Miriam Cahn fait de sa rage « un moteur » et continue de représenter sans relâche ces atrocités, pour, sinon expier, du moins résister. Pour celle qui considère une exposition comme « une œuvre en soi » qui « s’envisage comme une performance », la scénographie est cruciale, comme en témoigne « Ma pensée sérielle ». Regroupant plus de 200 œuvres de l’artiste réalisées des années 1980 à aujourd’hui, elle se déploie dans quatre espaces thématiques. Des paysages alpins aux corps martyrisés, de feuilles A4 à des tableaux monumentaux, tout, chez Miriam Cahn, se côtoie sans hiérarchie dans un accrochage volontairement dense qui sied parfaitement aux œuvres et en accentue la puissance. Cette exposition magistrale ne laissera personne indifférent.