Bordeaux (33)

La maison Goupil, le goût XIXe siècle

Musée des beaux-arts Jusqu’au 2 février 2014

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 16 décembre 2013 - 272 mots

Réunies pour la première fois, les œuvres des artistes italiens en contrat avec la célèbre Galerie Goupil, fondée à Paris en 1829 par Adolphe Goupil (1805-1893), permettent d’appréhender la diversité des goûts de la bourgeoisie de la seconde moitié du XIXe siècle.

Marchand d’art avisé, Goupil développe des stratégies commerciales innovantes. Il associe le commerce des tableaux et l’édition de gravures, de photogravures et de photographies, ouvre des succursales dans de nombreux pays européens et à New York, mais aucune en Italie. À partir des années 1870, sensibles à la prospérité de la galerie, de nombreux artistes italiens collaborent avec Goupil. La mode est alors aux scènes de genre (le Polichinelle au couvent d’Eugenio De Blaas, 1887) et aux paysages pittoresques (les Ruines de Pompéi [Les Touristes], d’Alceste Campriani, non daté, acheté 300 francs le 28 avril 1873, revendu le double onze jours plus tard) avec un goût prononcé pour la dextérité de la touche et pour un rendu minutieux des détails réalistes les plus infimes. Une sobre scénographie sur fond de cimaises finement teintées de couleurs gris bleu ou prune permet un parcours fluide dans l’exposition. Et réserve quelques savoureuses surprises, telle cette étrange peinture, Le Viatique de l’orpheline (Les Orphelines) (1877), de Gioacchino Toma. À la lumière des cierges, un groupe de religieuses et d’orphelines portent de tristes regards vers le centre de la toile, sombre et vide. Nul ne prête attention à la seule personne alitée, dont la tête enfantine, les yeux grands ouverts, émerge d’un lit à l’extrême bord gauche. Particulièrement délectables sont également Le Petit Saltimbanque (1878), d’Antonio Mancini, et La Fille de Jaïre, de Domenico Morelli.

« La maison Goupil et l’Italie. Le succès des peintres italiens à Paris au temps de l’impressionnisme »,

Musée des beaux-arts de Bordeaux, Galerie des beaux-arts, place du Colonel-Raynal, Bordeaux (33), www.musba-bordeaux.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°664 du 1 janvier 2014, avec le titre suivant : La maison Goupil, le goût XIXe siècle

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