La lumière dans tous ses états

Nathalie Boulouch, historienne de la photographie couleur, a croisé l’histoire de cette conquête avec la production d’artistes contemporains aux pratiques novatrices. Organisée dans le cadre du festival Normandie Impressionniste 2024, l’exposition « La couleur est la lumière » rappelle le lien intime de l’enregistrement de la couleur avec l’action de la lumière. Des travaux récents sont ainsi associés aux œuvres du XIXe siècle provenant de la collection de la Société française de photographie. Les photographes Léon Gimpel, Hanako Murakami et Emmanuelle Fructus reproduisent des expérimentations de la lumière décrites par les pionniers de la couleur qu’ont été Louis Ducos de Hauron et Louis Lumière. Les anthotypes de Caroline Douglas, aux colorations éphémères obtenues par un procédé d’impression à base de jus de plantes, font référence aux travaux de Mary Somerville, mathématicienne et astronome écossaise, pionnière en 1840 avec John Herschel de cette technique, que l’histoire de la photographie a occultée au profit du seul Herschel. Thomas Paquet réitère de son côté l’expérience fondatrice de Newton de la décomposition chromatique de la lumière blanche, tandis que les états de la lumière captés par Mustapha Azeroual varient en fonction du lieu de leur observation, selon qu’ils ont été enregistrés au Finistère ou au Maroc. Ce sont les micro-organismes et les sédiments qui déterminent la couleur de l’eau dont Nicolas Floc’h révèle la saturation évolutive au fur et à mesure que sa plongée sous-marine l’éloigne de la lumière du jour. Changement de registre esthétique avec les études somptueuses de la lumière récemment réalisées par Patrick Faigenbaum, dans les réserves de la Cristallerie Saint-Louis, Louise Deglane l’ayant fait avant lui, en 1914, à partir d’objets de verrerie d’art.