La Loire de Thibaut Cuisset

La réunion pour la première fois de l’ensemble des séries réalisées entre 2001 et 2010, couplée à leur présentation chronologique, permet par ailleurs de comprendre au mieux la démarche d’un auteur au style bien spécifique alliant le documentaire et une esthétique aux lumières et couleurs douces reconnaissables entre toutes. « Le paysage m’intéresse pour le rapport entre nature et culture », disait Thibaut Cuisset. Des bords de Loire, le photographe ne retient en effet que ce qui façonne berges et territoires alentour : exploitations agricoles, réseaux routiers et expansions urbaines. On ne trouvera aucun château ou autre vestige d’un passé flamboyant dans ce portrait d’un fleuve au fil des saisons, ni figures humaines. Si ce n’est qu’une seule fois, au travers d’une scène à Ingrandes-sur-Loire, prise à distance. La chambre photographique induit de fait une distance et une précision dans le rendu qui sied à la démarche d’un auteur, anthropologue du paysage à sa manière. L’éclairage apporté par l’exposition sur le rôle de la commande et de ses conditions dans la démarche photographique de Thibaut Cuisset est particulièrement intéressant. Au fil des commandes, le périmètre d’investigation s’élargit des bords de Loire, entre Tours et Nevers, au cours du fleuve dans son entier, de sa source au mont Gerbier-de-Jonc jusqu’à l’estuaire. Le format des photographies s’agrandit. Demeure l’épure des images, confondante de justesse.