Le Musée du dessin et de l’estampe originale de Gravelines puise dans ses très riches collections, et dans le fonds de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne, pour nous replonger dans les affres du cataclysme originel de l’histoire contemporaine.
Au sous-sol de l’ancienne poudrière de l’Arsenal, où est installé le musée, se déploie ainsi une nécessaire et passionnante exposition sur la gravure pendant la Première Guerre mondiale. « Nous souhaitions montrer les différentes stratégies utilisées par les artistes pour rendre compte de l’horreur de la guerre, mais aussi à des fins de propagande », explique son commissaire, Paul Ripoche, directeur du musée. Alors que le conflit est largement documenté par le cinéma et la photographie, les artistes livrent en effet un écho plus subjectif, oscillant entre témoignage intime, dénonciation, caricature et patriotisme ardent. L’exposition débute avec des visions apocalyptiques antérieures aux hostilités, dont un étonnant dessin de Robida qui montre avec une stupéfiante prescience l’effroi à venir.
Elle évoque ensuite le quotidien sur le front, les villes défigurées, mais aussi l’impact de la guerre sur les civils. Les pièces sélectionnées sont essentiellement contemporaines des combats, à l’exception de quelques dessins, datant du début des années 1920, illustrant la persistance du traumatisme dans l’inconscient des artistes, à l’instar de La Couronne d’épines de Félix Del Marle, un ensemble d’une noirceur extrême. Le parcours repose sur la confrontation de séries renforçant la puissance des tirages et dessins exposés et amplifiant également le fossé stylistique et conceptuel entre les différents auteurs. Les gravures expressionnistes de Gromaire, qui rendent compte du drame avec une intense économie de moyens, contrastent ainsi violemment avec le Cubisme élégant de Laboureur et d’André Mare, et plus encore avec les estampes en couleurs de Bruyer qui affichent un patriotisme et un héroïsme flamboyants, dans une vision édulcorée et incroyablement propre de la grande boucherie.
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La gravure à l’épreuve de la Grande boucherie
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Abonnez-vous dès 1 €Musée du dessin et de l’estampe originale, Château Arsenal, Gravelines (59)
www.ville-gravelines.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : La gravure à l’épreuve de la Grande boucherie