En 1964, l’artiste Martial Raysse lui applique son fameux « martialcolor », inaugurant ainsi sa série Made in Japan qui détourne les chefs-d’œuvre de la peinture classique.
Une odalisque, dite La Grande Odalisque (1814) de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), est un chef-d’œuvre absolu : du peintre néoclassique d’abord, du XIXe siècle ensuite comme, enfin, de l’histoire de la peinture. Aujourd’hui exposée à l’extrémité de la salle Daru, au premier étage de l’aile Denon, elle fut commandée par la reine Caroline de Naples en 1813, qui ne régla jamais la commande en raison de la chute des Murat. Plusieurs caractéristiques de la peinture d’Ingres y sont réunies : la sensualité du peintre, dans sa vie – les anecdotes d’Edmond de Goncourt sont croustillantes – comme dans son œuvre (à l’instar de la Baigneuse Valpinçon et du Bain turc) ; le plaisir de l’imitation des chairs et sa détestation de l’anatomie, que le peintre aurait qualifiée de « science affreuse » à laquelle il ne pouvait pas penser « sans dégoût ». Bien que de dos, partie du corps prisée du peintre, l’Odalisque regarde intensément le spectateur. La femme, que le foulard place dans l’Orient d’un harem, déborde d’érotisme. C’est probablement une œuvre importante pour Ingres, puisque celui-ci décide de la présenter au Salon de 1819. Étonnamment, ce tableau aujourd’hui rangé parmi les chefs-d’œuvre du Louvre, fut étrillé par la critique de l’époque qui ne vit « ni os, ni muscles, ni sang, ni vie, ni relief » dans cette figure. « Il est évident que l’artiste a péché sciemment, qu’il a voulu mal faire », écrivit un chroniqueur qui ne vit que les exagérations anatomiques – la figure possède trois vertèbres en trop ! –, sans comprendre qu’Ingres ne cherchait pas l’imitation de la nature, mais un idéal de beauté.
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« La Grande Odalisque », d’Ingres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : "La Grande Odalisque", d’Ingres