Le titre de cette exposition, « Belles de jour », ne doit rien au film de Bunuel, si ce n’est que ces belles sont toutes représentées en plein jour, un jour toujours lumineux.
Elles émanent des riches collections du Musée des beaux-arts de Nantes fermé pour travaux, un contretemps que le Palais Lumière d’Évian a transformé en opportunité en empruntant soixante-dix œuvres d’une cinquantaine d’artistes, dont huit femmes, de la période 1860-1930. Ces soixante-dix années de création s’inscrivent dans une période de changement sociétal important qui finira par modifier la condition de la femme. Depuis les débuts de l’art moderne, le féminin est un thème récurrent chez l’artiste. La femme est généralement présentée dans sa nudité historique ou mythologique. Elle illustre le goût des artistes pour les œuvres destinées aux Salons, mais aussi à une clientèle aisée et cultivée. Mais, au XIXe siècle, les artistes vont commencer par la voir sous un autre jour. Le nu féminin va être progressivement libéré et représenté comme il est, sans idéalisation. La femme n’est plus exclusivement cet « obscur objet du désir », elle est aussi la rêverie, le courage, la liberté, l’universalité. Toutefois, si l’on observe ses différentes représentations, cette période laisse encore apparaître des contradictions : de la figure mondaine à l’ouvrière, de la courtisane à la mère donnant la vie, de la femme au foyer à la travailleuse, de l’héroïne historique à la muse, elle est tantôt marquée par des images traditionnelles, tantôt par de nouvelles images qui semblent être davantage de simples évolutions stylistiques qu’une remise en cause symbolique. Les plus grands artistes ont mis en beauté les femmes, tel le fauve Kees Van Dongen, les symbolistes Edgard Maxence et Félix Vallotton, les cubistes André Lhote et Jean Metzinger, le Nabi Maurice Denis ou, encore, le préraphaélite Edward Burne-Jones, mais ce sont souvent les peintres femmes elles-mêmes qui ont rompu avec les stéréotypes traditionnels. C’est le cas de ce puissant Nu jaune de Sonia Delaunay, de Kizette en rose de Tamara de Lempicka et des Baigneuses de Suzanne Valadon, qui sera par ailleurs la première femme à peindre des hommes nus. « Les femmes sont davantage dans le côté naturel et vrai », a conclu sa médiatrice culturelle, Hélène Vanderf.
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La femme moderne
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°689 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : La femme moderne