Cet été, le plus court chemin pour aller à Londres est de passer par Paris. Et, cerise sur le gâteau, pas besoin de passeport pour ce périple.
Bien que ce ne soit pas son objectif premier, la nouvelle exposition de la Collection Al-Thani sonne de fait comme un vibrant démenti au Brexit. Malicieusement sous-titrée « Quand les Anglais parlaient français », elle bat en brèche l’image d’une île autarcique. Elle retisse au contraire l’étroit écheveau des relations artistiques et commerciales de cette dernière avec l’Hexagone et plus largement avec toute l’Europe continentale. Des siècles durant, l’Angleterre médiévale assoit de fait sa puissance économique et politique par le biais d’alliances matrimoniales et d’échanges culturels intenses. Cette diplomatie se manifeste notamment par de somptueux cadeaux protocolaires. À commencer par les objets les plus caractéristiques des ateliers anglais, qui font rayonner le savoir-faire des artisans spécialisés dans la broderie, mais surtout dans l’art de l’albâtre. Cette pierre, qui représente alors l’une des principales ressources naturelles britanniques, était plébiscitée car plus aisée à travailler et à peindre que le marbre et diffusant une lumière presque surnaturelle. Ce véritable or blanc déferle ainsi dans toutes les cours du Vieux Continent ; à tel point que les spécialistes ont longtemps cru que ces objets étaient produits en France ou en Flandre tant ils ont été trouvés en quantité industrielle dans ces contrées ! La sidérante tête coupée de saint Jean-Baptiste en constitue l’un des plus beaux exemplaires conservés à ce jour. Ce trésor, issu des collections du Victoria & Albert Museum, traverse exceptionnellement la Manche, accompagné d’une sélection de 70 objets médiévaux parmi les plus précieux de cette institution. Des bijoux sophistiqués, des verres émaillés, des pièces en ivoire, des vitraux, des textiles dans un état de conservation miraculeux et des fleurons d’orfèvrerie font revivre cet épisode fondateur de l’histoire européenne.
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La crème de l’Angleterre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°766 du 1 juillet 2023, avec le titre suivant : La crème de l’Angleterre