Le château-musée poursuit sa politique de valorisation de sa collection en présentant les petits maîtres des années 1880-1914. Une nouvelle occasion de se replonger dans l’Art nouveau.
Nemours. En raison de la nature de sa collection, essentiellement constituée au début du XXe siècle par trois donateurs, le Château-Musée de Nemours, qui ne dispose pas d’un parcours pérenne, peut légitimement organiser des expositions sur l’art de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Intitulée « Invitation Belle Époque (1880-1914) », celle qui se déroule en ce moment, sous le commissariat d’Arnaud Valdenaire et Julie Jousset, est, comme les précédentes, une occasion de découvrir des petits maîtres.
Cent-vingt pièces très diverses (peintures, sculptures, gravures, arts décoratifs, photographies, objets techniques) jalonnent un parcours qui se termine par les bijoux créés par un quasi-inconnu pour son épouse. Devenue veuve, celle-ci les a légués au château-musée. C’est par le don d’une autre femme en deuil, la mère du peintre-verrier Marc Delon, mort à la guerre en 1914, qu’est accueilli le visiteur dans l’exposition. Delon avait réalisé un vitrail, aujourd’hui conservé au Musée national Adrien Dubouché à Limoges, et avait conservé le carton de Luc-Olivier Merson (1846-1920) qui a fait l’objet de cette donation. Dessinée pour l’Exposition universelle de 1900, cette maquette de vitrail, au fusain et à l’encre, constitue, selon le cartel « un manifeste du goût Art nouveau ». Autre œuvre séduisante en ce début de parcours, La Morphine peinte en 1905 par Albert Matignon (1869-1937), présentée au Salon de 1906 et envoyée par l’État au château-musée en 1907. Elle vient d’être restaurée, comme la majeure partie de la soixantaine d’œuvres exposées appartenant au musée.
Les Nabis sont évoqués dans la salle suivante par un grand panneau illustré et deux lithographies de Vuillard prêtées par le Petit Palais, mais l’essentiel de ce qui y est montré relève des arts décoratifs. Des planches de la revue L’Artisan pratique, une affiche de Mucha pour Sarah Bernhardt dans La Dame aux camélias au théâtre de la Renaissance (1896) et de magnifiques faïences dont plusieurs proviennent du Musée des beaux-arts d’Agen illustrent le thème « Le végétal et la femme au service de l’Art nouveau ». Particulièrement remarquable, un Vase à décor de barbotine (vers 1874-1885) d’Eugène Schopin (1831-1893) est la propriété du château-musée. C’est aussi le cas de trois pièces exceptionnelles présentées au même niveau, un Panneau décoratif aux pavots et pierrots (1902) de Jacques Choiselat (1867-1938), grand bois gravé qui vient d’être restauré, et deux grands plâtres de Charles Virion (1865-1946) représentant des échassiers (1912). Japonaise (1901), élégant buste en plâtre d’Ernest Miserey (1862-1938), l’une des icônes du château-musée, clôt cette partie de l’exposition.
L’étage supérieur est consacré à la vie parisienne et aux progrès techniques de la Belle Époque. Les Expositions universelles, le développement de la photographie et de l’automobile sont évoqués ici. Une section consacrée aux « grandes figures de la danse et du spectacle » s’organise autour du magnifique buste de Jeune femme, portrait présumé de Sarah Bernhardt (vers 1902-1905) de Paul-François Berthoud (1870-1939) prêté par le Musée d’Orsay. Les deux petites pièces consacrées l’une à Armand Point (1861-1932), peintre-décorateur, fondateur de « l’école » de Haute-Claire, un phalanstère d’artistes, et l’autre aux bijoux d’Henry Dabault (1858-1935) concluent cette exposition pleine de jolies surprises, dont le seul faux pas est la présentation d’une Robe de soirée (1912) qui s’avère être une création contemporaine à partir de matériaux anciens.
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La Belle Époque du Château de Nemours
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jusqu’au 29 avril, Château-Musée, rue Gautier 1er, 77140 Nemours.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : La Belle Époque du Château de Nemours