La BD belge à l’honneur à Paris

Ce corpus d’œuvres somptueuses, constitué dans les années 1970, à une époque où les originaux ne valaient pas encore une fortune, porte sur l’âge d’or de la bande dessinée belge, période qu’on situe entre l’immédiat après-guerre avec la création du journal Tintin en 1946 et la fin des années 1970 via, en 1978, la création du mensuel (À suivre). Cette période heureuse pour le 9e art l’est non seulement au niveau de la créativité, mais aussi de la rentabilité économique : « Si on parle d’âge d’or, précise le commissaire Thierry Bellefroid, ce n’est pas seulement par sa richesse inventive ou le talent de ses créateurs, c’est aussi parce que naissent à ce moment des héros au destin planétaire : les Schtroumpfs et Lucky Luke, par exemple. Lucky Luke, ce sont 250 millions d’albums vendus ! » Aux côtés de Peyo et de Morris, les pionniers de la ligne claire (Hergé, Jacobs) côtoient des bédéistes inventifs alliant dynamisme du trait et fluidité narrative : Comès, Franquin, Will… S’appuyant sur une scénographie jouant habilement avec les codes de la bande dessinée (cases, ellipses, plages de silence), la manifestation permet non seulement d’admirer des originaux rarissimes, mais aussi de s’interroger sur la spécificité du médium ; en ce sens, la publication qui sert l’exposition, avec des textes de Didier Pasamonik et de Thierry Bellefroid sur la marchandisation des originaux et le devenir de la bande dessinée quand on l’expose, s’avère passionnante à consulter.