Biennale

Lausanne (Suisse)

La 5e Biennale de l’art brut

Collection de l’Art brut - Jusqu’au 29 mai 2022

Par Ingrid Dubach-Lemainque, correspondante en Suisse · L'ŒIL

Le 23 février 2022 - 299 mots

Comment parler d’Art brut sans prendre le risque de se répéter ? Cette interrogation pourrait nous guetter à l’heure de la visite de la Biennale de l’Art brut organisée par la collection de référence du « genre », à Lausanne.

Pour renouveler l’approche, l’institution organise depuis 2013 des biennales autour de thématiques particulières : après les « véhicules », les « corps », l’« architecture » et le « théâtre », cette cinquième mouture est consacrée aux « croyances ». A priori, pas de thème plus fécond pour des artistes, pour lesquels la question du sens de la vie semble être le moteur de la création : une création aux « fonctions magiques, rituelles, religieuses, morales et thérapeutiques originaires », comme l’a écrit Michel Thévoz. Mais, avec l’Art brut, les repères deviennent flous, les certitudes se renversent, et c’est principalement pour les créateurs eux-mêmes que les œuvres remplissent ces fonctions, et non pour le spectateur qui peine à entrer dans la matière avec une première salle où les points d’accroche et de références manquent. Les deux salles annexes présentent, en ce sens, une présentation plus cohérente en rassemblant des artistes et des œuvres autour du même dénominateur commun. La religion chrétienne d’abord, dont des auteurs comme les Italiens Podestà ou Palmerino Sorgente se réapproprient les canons visuels (des saints aux retables en passant par les pietà). Philippe Ducollet-Michaëlef réalise, quant à lui, des figures dominées par le syncrétisme, où les iconographies chrétiennes, mais aussi mythologiques et païennes, s’entremêlent. Également convaincante, une salle consacrée au spiritisme, un domaine dans lequel ont œuvré de nombreux créateurs « historiques » d’Art brut : Augustin Lesage, Fleury-Joseph Crépin, Jeanne Tripier ou Madge Gill se disaient guidés par des forces surnaturelles dans leurs créations, un alibi derrière lequel ces autodidactes semblent s’être retranchés « par modestie ou crainte d’être perçus comme illégitimes », comme le mettent en lumière les commissaires de l’exposition.

« Croyances »,
Collection de l’Art brut, 11, avenue des Bergières, Lausanne (Suisse), www.artbrut.ch

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : La 5e Biennale de l’art brut

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