Peinture - Le Centre Paul Klee de Berne organise sa 55e exposition cet automne, et il est réjouissant d’observer comment ce musée réussit le pari, depuis son ouverture en 2005, d’établir dans son programme, année après année, des correspondances toujours renouvelées entre l’œuvre du peintre moderne et des thématiques des plus variées.
Parmi elles, le regard de Klee sur les développements technologiques de son époque donne lieu à cette exposition originale qui laisse une grande part d’interprétation au visiteur – et même une marge de manœuvre ludique en l’invitant à participer à l’aide de matériel mis à disposition (élastiques, microscopes, figures géométriques…) à la réflexion de Klee autour des formes. Né en 1879, l’artiste d’origine allemande qui vécut en Suisse la majorité de sa vie, est confronté aux grands bouleversements du tournant du XXe siècle : l’invention de procédés comme les rayons X, l’électricité et l’automobile transforment la société et injectent une bonne dose d’accélération à la marche du monde occidental. Comme de nombreux artistes de son temps (dadaïstes, constructivistes ou futuristes), on sent Klee, lui aussi, sinon fasciné, du moins intrigué par ces nouvelles perspectives. En tant qu’artiste moderne, son intérêt pour « l’homme-machine » transparaît dans ses peintures où des figures d’un genre nouveau, tels des robots, apparaissent et où certaines de ses marionnettes sont aussi conçues avec des pièces telles que des prises d’électricité. Ses tableaux qui parlent de construction, de géométrie, de rythme sont mis en contrepoint avec des œuvres de contemporains, comme des extraits du film Metropolis de Fritz Lang, permettant d’appréhender le climat de l’époque. Klee était-il pour autant un adepte de la modernité technologique ? Rien n’est moins sûr, comme le dévoile la suite du parcours. Klee reste un artiste individualiste qui ne revendique, mis à part sa période du Bauhaus, aucune appartenance à un mouvement particulier. Sa méfiance envers le procédé photographique et sa distanciation avec un « schématisme dogmatique » prôné par le mouvement De Stijl, qui l’amène à tracer à main levée, sans règle, les formes carrées de ses tableaux, témoignent de sa distance critique, parfois empreinte d’ironie.
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Klee sous les rayons X
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : Klee sous les rayons X