Art Contemporain - Le Centre Pompidou-Metz consacre à Katharina Grosse (née en 1961) une exposition en plusieurs séquences.
Pour comprendre comment l’artiste allemande, reconnue internationalement, en est venue à peindre à l’échelle de bâtiments entiers, il faut sans doute revenir à l’une de ses installations emblématiques. En 2004, en effet, Katharina Grosse transforme la chambre de son appartement, à Düsseldorf, en la recouvrant – lit, sol, murs et objets – avec de la peinture à l’aérosol (le spray est devenu déterminant dans sa pratique depuis qu’elle l’a utilisé pour la première fois à la Kunsthalle de Berne, en 1998). En réactivant The Bed dans son espace du forum, le musée met l’accent sur cette œuvre clef dans le parcours de l’artiste, qui fait alors bouger les lignes entre la sphère domestique intime et l’espace public. Ce débordement de la couleur envahissant la pièce comprend les prémices d’un travail qui s’envisage par la suite à l’échelle de l’architecture. The Bed est un tournant dans sa carrière vers des dimensions nouvelles, monumentales : celles-ci s’illustrent dans la Grande Nef où se déploie Déplacer les étoiles. Cette gigantesque toile peinte et hissée est une invitation à évoluer dans la peinture, comme dans un décor, à naviguer librement dans une mer de couleurs. La conscience de la démesure de l’opération (l’œuvre est une adaptation d’une version originelle conçue en 2018 pour le Carriageworks à Sydney) le dispute à sa perception sensorielle : « La couleur est comme un son, un parfum, un goût, sa résonance intime est immédiate », explique l’artiste. Le décalage entre la surface réelle du bâtiment et l’image peinte sur le tissu drapé ouvre également un espace de réflexion. Plus loin, des troncs déracinés (des chênes et des charmes issus de la forêt noire des Vosges) sont eux aussi balayés de jets de peinture. Leur rugosité dirige le regard du visiteur vers des surfaces moins lisses que celles des écrans auxquels il est habitué, tout en marquant le caractère périssable de l’œuvre, ou son ambition démiurgique.
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Katharina Grosse, la couleur en XXL
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°777 du 1 juillet 2024, avec le titre suivant : Katharina Grosse, la couleur en XXL