Art contemporain

Castello di Rivoli, Turin

John McCracken - Un minimalisme contemplatif

Jusqu’au 19 juin 2011

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 20 avril 2011 - 345 mots

Pour sa première exposition au Castello di Rivoli, son nouveau directeur, Andrea Bellini, a choisi de consacrer une monographie extensive à John McCracken disparu le 8 avril 2011.

Souvent vu dans des expositions collectives, on a rarement l’occasion de voir un aussi bel ensemble de soixante œuvres complété d’un catalogue extrêmement complet agrémenté d’une anthologie de textes. L’institution turinoise fait donc les choses en grand.

De cet artiste californien bientôt octogénaire, on connaît surtout les œuvres apparues au milieu des années 1960, caractéristiques de cet art minimal de la Côte ouest, à l’esthétique clinquante empreinte de spiritualité. Qualifiées de « planches », ses sculptures simplement adossées au mur sont constituées de plaques de contreplaqué patiemment recouvertes de multiples couches de fibre de verre et de résine puissamment colorées. Lorsque l’art du laquage nippon rencontre la culture des voitures rutilantes, le minimalisme apparent se charge petit à petit d’une présence qui emprunte autant aux rites japonais qu’à la civilisation égyptienne.

Voyant ses œuvres comme des passages vers un espace contemplatif radiant tout à fait particulier, bien loin de la froideur du minimalisme de New York, McCracken précise : « Je souhaite que le spectateur soit conscient de la situation dans laquelle l’œuvre est regardée… Les réactions et pensées intimes des spectateurs sont tout à fait pertinentes ; dans un certain sens, elles font vraiment partie de ce qu’est l’œuvre… Mon œuvre parle de quelque chose. Cela pourrait sembler contradictoire avec ce que les minimalistes ont dit de leur œuvre, mais ça ne l’est pas : j’inclus seulement plus d’image, plus de fond, dans ma considération de ce qu’est une œuvre. » 

L’exposition italienne donne aussi à découvrir tout un pan beaucoup moins connu du corpus de McCracken, sa production picturale qui débute en 1962 et notamment toute sa « période mandala » dans les années 1970. De quoi réviser ses classiques et accéder à une vision contemplative et syncrétique de l’art contemporain.

Voir

« John McCracken », Castello di Rivoli, piazza Mafalda di Savoia, Rivoli, Turin (Italie), www.castellodirivoli.org, jusqu’au 19 juin 2011. Catalogue anglais-italien, éditions Skira.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : John McCracken - Un minimalisme contemplatif

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