Jill Galliéni, artiste : « Mon but n’est pas de plaire »

L’Œil Comment avez-vous commencé à écrire vos prières ?
Jill Galliéni  À trente ans – j’en ai plus de soixante –, j’exorcisais ma douleur de vivre en écrivant. Un jour, j’ai recouvert ces textes de prières à Rita. Je me suis mise à écrire ces litanies chaque jour, sur des cahiers que je transportais partout… J’ai arrêté quelques années, car il me semblait que ma spiritualité ne devait pas être un objet. Ce fut très douloureux. Mais un jour, Marie m’a fait comprendre que je pouvais à nouveau écrire des prières, pour elle... Il m’est impossible de vivre sans cela.

Aujourd’hui les voici exposées : comment est-ce arrivé ?
Un jour, par hasard, j’ai rencontré l’artiste et cofondateur de l’association et collection d’Art brut L’Aracine, Michel Nedjar. Nous sommes devenus amis. J’ai fini, un jour, par lui parler de mes prières. Il a voulu les voir. Il en a été subjugué, et a tenu à les montrer au galeriste d’art brut Christian Berst. Ce dernier a aussitôt voulu les exposer. Puis, tous deux m’ont convaincue de proposer de faire des donations au LaM, à Lausanne, qui ont été acceptées… Voilà comment on m’a mise dans ce réseau de l’Art brut !

Voici donc vos prières considérées comme des œuvres d’art : quel impact a cette reconnaissance lorsque vous les écrivez aujourd’hui ?
C’est une grande joie, bien sûr… Mais cela ne change rien ! Par exemple, Christian Berst préfère les monochromes et les cahiers ou les petits formats de mes débuts… Mais aujourd’hui, je les écris sur de grandes feuilles, et j’aime utiliser des couleurs – et je ne suis pas sûre que cela l’intéresse autant. Qu’importe ? Mon but n’est pas de plaire, et ne l’a jamais été.  Propos recueillis par marie Zawisza