Le château de Mayenne se penche sur la fabrication des jeux de table partir du Xe siècle.
MAYENNE - Les découvertes archéologiques des dernières décennies ont fourni quantité d’informations inédites sur la vie quotidienne des hommes au Moyen Âge. Le Musée du château de Mayenne (Mayenne) en fait aujourd’hui la démonstration en évoquant la fabrication et la pratique des jeux de table, le trictrac et les échecs, qui se diffusent à partir du Xe siècle. Première exposition temporaire du musée depuis son ouverture en 2008, elle s’appuie sur la série d’objets mis au jour à la fin des années 1990 au château : un ensemble de dés, pions de trictrac, de mérelles et d’échecs aux décors géométriques et figurés, réalisés en bois de cerf ou en os, et des plaques de tablier (le trictrac se joue sur un tablier semblable à celui du backgammon). « Nous nous intéressons à une autre personne que le joueur : à l’artisan qui a fabriqué ces objets. On ne peut pas comprendre l’objet si on ne connaît pas le matériau avec lequel il a été fait », soulignent les commissaires Mathieu Grandet, directeur du musée, et l’archéologue Jean-François Goret.
Didactique, vivant, le parcours met en exergue le savoir-faire technique des artisans qui fabriquèrent ces objets à destination de l’aristocratie. Les matériaux bruts sont exposés aux côtés de rebuts ou repentirs ainsi que de pièces abouties ayant pour toile de fond le bois du cerf dont ils sont issus. Aux côtés de vestiges déjà connus – tels les pions issus des fouilles de la motte de Loisy, conservés au Musée des Ursulines, à Macon – figurent des objets présentés pour la première fois. Ainsi de ces trois délicates pièces d’échecs réalisées en ivoire de morse, exhumées au château de Crèvecœur-en-Auge (Calvados). Signalons la présence du tablier de trictrac issu du site de Saint-Denis (dans le quartier nord de la basilique), ou encore celle du pion d’un jeu d’échecs en cristal de roche découvert lors des fouilles de la motte castrale de Boves (Somme), qui pourrait provenir des ateliers de tailleur de cristal du Caire. Sans oublier le best-seller du genre : les pièces d’échecs du Musée de Noyon (Oise), taillées dans la masse d’un bois de cerf. Déjà documenté par les sources écrites, la pratique du jeu apparaît ici sous un angle nouveau : celui de la technique de fabrication. Cette approche archéologique plutôt qu’esthétique permet de redécouvrir des objets dont une partie ira rejoindre, à la fin de l’automne, le Musée Cluny-Musée national du Moyen Âge, pour une nouvelle mise en perspective des jeux de hasard et de stratégie.
Jusqu’au 18 novembre, Musée du château de Mayenne, place Juhel, 53100 Mayenne, tél. 02 43 00 17 17, www.museeduchateaumayenne.fr, tlj 10h-12h30 et 14h-19h jusqu’au 30 septembre ; tlj sauf lundi 10h-12h30 et 14h-17h en octobre. Catalogue, éd. Errance, 160 p., 29 €.
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Jeux de mains
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°375 du 21 septembre 2012, avec le titre suivant : Jeux de mains