Art contemporain

« Jérôme Zonder. C’est un petit chemin »

Par Amélie Adamo · Le Journal des Arts

Le 19 juin 2024 - 334 mots

Paris. Après « Joyeuse Apocalypse » spécialement conçue et produite pour le Casino Luxembourg, Jérôme Zonder expose une nouvelle installation de dessins au fusain déployés au sol et sur les murs de la galerie contemporaine du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (Mahj).

Si l’on retrouve le thème du jeu et certains éléments de dessins réalisés pour le Casino, l’espace ici plus restreint a mené Jérôme Zonder à se recentrer sur la question de l’identité et du portrait de Pierre-François (personnage central dans l’œuvre de l’artiste), à partir d’un déploiement tripartite structuré par la découpe architecturale du lieu. Sur le sol, fait de mots et d’images, un plan narratif reprend le mode de la grille et du jeu, où l’on suit le chemin de vie d’un avatar du personnage en « hamster » : parcours positif et rassurant dont la douceur s’incarne dans le traitement même du dessin et dans ses référents au conte enfantin ou au manga. Par contraste avec cette douceur lisse et ronde : le plan des images projetées sur le mur latéral. Par le côté sculptural et la lourdeur du support, par la découpe acérée et la pulvérisation des images, par le traitement très expressionniste et brutal, l’artiste exprime la violence du monde, la grande Histoire qui pulvérise nos petites vies tranquilles. Enfin un troisième temps dans le parcours : le plan de la matière, déployé en un dessin tout noir, abstrait. Cela crée un contraste avec le plan narratif et la puissance visuelle des images dont les sources sont riches et chargées. Pour réaliser ce dessin abstrait, Jérôme Zonder utilise un large outil avec lequel il produit des traces gestuelles, courbes et contre-courbes. Encadré de manière « classique », le dessin noir est disposé en plein centre, au fond de cette ancienne écurie aux allures de chapelle. Corps de pierre voûté avec jeu de colonnes dans lequel la noirceur du dessin se charge d’une résonance et d’un silence particulier. Comme un trou noir. Un recueillement. Une béance. Un souffle retenu. Avant que tout ne recommence.

« Jérôme Zonder. C’est un petit chemin »,
Exposition du 1er Juin au 27 octobre, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du Temple, 75003 Paris.
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : « Jérôme Zonder. C’est un petit chemin »

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