Si les frères Dufy traitent de nombreux thèmes communs, l’art de Jean se distingue de celui de Raoul par sa manière de vouloir toujours opérer la synthèse entre tradition et avant-garde.
Par ailleurs, il fait un usage de la couleur qui en appelle plus volontiers à des tons plus sombres que ceux de son aîné et joue de façon appuyée leur opposition avec des zones claires, de sorte que la couleur lui sert à structurer l’espace. Ses compositions offrent ainsi à voir des systèmes relativement complexes sur lesquels s’inscrivent les éléments formels narratifs, lesquels contribuent à unifier le champ iconique.
Cirque et chevaux
Travaillées en atelier à partir des notations prises sur place, les œuvres de Jean Dufy procèdent d’une élaboration mentale qui leur confère une densité et un poids singuliers. À propos du cirque, thème majeur dans son œuvre, le peintre précise dans ses carnets que c’est in situ qu’il s’est documenté, « sur la piste ». Aussi le rendu est-il particulièrement vivant et les mouvements de ce qui désigne ordinairement le cirque contribuent-ils à l’évoquer au plus juste.
Féru d’hippisme tout comme Raoul, Jean Dufy est aussi l’auteur de toute une série de tableaux aux sujets équins pour lesquels il montre un soin tout particulier de précision au regard des mouvements des chevaux. Son attention est tout entière tournée à restituer avec fidélité la qualité des figures du pas, du trot, du galop ou d’un moment de saut ou de cabriole. Sans jamais pour autant céder à la simple copie du réel, mais en s’appliquant à le suggérer. À l’évoquer. Quelque chose d’une structure géométrique semble lui servir de support qui a plus à voir avec la façon dont les peintres de la Renaissance composaient leurs tableaux qu’avec toute intention cubiste. À la différence de son frère, Jean Dufy n’est pas intéressé par les effets dilatés de la couleur.
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Jean Dufy, le singulier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : Jean Dufy, le singulier