Jasper Johns est l’un des derniers grands artistes américains ayant émergé dans les années 1960 encore en vie.
Quand, en 1958, ses premières toiles représentant le drapeau américain sont exposées, critiques et institutions sont subjugués. S’ensuivent dix années de déclinaisons de ce drapeau, de cibles et de compilations de chiffres sur divers supports. Si le travail sur la récurrence de ces motifs a propulsé Johns en bonne place des manuels d’histoire de l’art contemporain, le reste de sa production n’a pas connu le même destin. La rétrospective que consacre la Royal Academy au peintre vient combler cette lacune. Celle-ci présente l’œuvre complexe de Johns en neuf thèmes, mettant en exergue cette obsession de la perception visuelle. La salle dénommée « Temps et transcience » montre, à travers un corpus d’œuvres des années 1970 qui jouent des enchevêtrements et des effets de matières de motifs linéaires, cette volonté d’imposer au spectateur une forte concentration pour interpréter ce qu’il voit. Cette concentration est aussi demandée tout au long du parcours pour repérer les citations de motifs empruntés à la culture populaire, mais aussi aux peintres admirés par Johns, au rang desquels figurent Léonard de Vinci, Matthias Grünewald, Edvard Munch et Pablo Picasso. Alors que certaines de ses œuvres produites dans les années 2000 semblent lorgner du côté de ses proches – la ressemblance avec les travaux de Rauschenberg est parfois frappante –, l’artiste reste fidèle à sa ligne de conduite personnelle, celle qu’il qualifiait déjà en 1969 : « Je suis intéressé par l’idée de la vision, de l’utilisation de l’œil, comment l’on regarde et pourquoi l’on regarde de cette manière. » À n’en pas douter, le visiteur devra exercer son œil pour embrasser toute la carrière de Johns et y déceler ce « quelque chose qui ressemble à la réalité » cher à l’artiste.
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Jasper Johns, une vision du réel
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : Jasper Johns, une vision du réel