Inédite Winnipeg

À l’heure de la globalisation annoncée dans le monde de l’art, la Maison rouge initie une série d’expositions dédiée à la scène artistique de villes périphériques quasi inconnues. Winnipeg, cette ville de 700 000 habitants située en plein cœur du Canada, est le premier ilot créatif à être mis à l’honneur. « À Winnipeg, on vit au rythme de très longs et rudes hivers et d’étés très courts, infestés de moustiques. Pour survivre, je n’avais qu’une solution : devenir artiste », explique Sarah Anne Johnson. Avec une bonne dose d’humour, les soixante-dix artistes représentés explorent l’imagerie canadienne ou leurs propres états d’âme au travers d’un corpus considérable d’œuvres, mêlant différentes techniques. 

Au milieu de cette cacophonie sonore et visuelle déjantée et un brin déroutante, le visiteur peut être happé par la reconstitution d’un intérieur bourgeois par Kent Monkman dans lequel un Indien travesti pleure face à sa fenêtre (La Corrélation du temps et de l’espace dans un univers en expansion, 2011), par les photographies de Diana Thorneycroft qui mettent en scène des acteurs comiques connus au Canada sur des fonds idylliques (Bob and Doug) ou par la « Collage Party » à laquelle nous convie l’artiste Paul Butler. Probablement la personnalité la plus connue de Winnipeg, le réalisateur Guy Maddin propose une installation récente (Hauntings) où il diffuse en boucle sur une dizaine d’écrans des films réputés perdus ou qui n’ont jamais été terminés. Assourdissant mais étonnant.