Immendorff, peindre est un acte social

« The Task of the Painter » mérite le déplacement, puisqu’il s’agit de la première rétrospective depuis le décès de l’Allemand, mort de la maladie de Charcot, en 2007. Le parcours est composé d’une centaine d’œuvres, essentiellement des peintures, traversant quatre décennies de création à la facture figurative et radicale. Cette exposition est d’autant plus impressionnante qu’elle réunit nombre de grands formats qui sont, comme Gyntiana (1992), des théâtres terrifiants et déstructurés aux multiples personnages. Engagé dans le Parti communiste allemand, il proposa des œuvres de propagande dans les années 1970. Contre la guerre du Vietnam et proche des maoïstes, Immendorff fit de la fonction de l’artiste dans la société le fil rouge de sa pratique. Son œuvre est toujours rattachée à sa vie, on y voit aussi bien ses amis et influences, parmi lesquels d’illustres plasticiens ; Joseph Beuys, dont il fut l’élève, A.-R Penck, avec qui il fonda l’Alliance d’action RFA-RDA, ou Otto Dix et Max Ernst, que des autoportraits. On l’aperçoit notamment dans une des imposantes toiles de 1978 de la série Café Deutschland (inspirée de Renato Guttuso), sa main traversant un mur de brique – hautement symbolique de son engagement contre l’Allemagne divisée. La plupart de ses œuvres ne sont pas faciles d’accès, et il faut parcourir les 700 pages du catalogue, For all Beloved in the World (dans la langue de Shakespeare ou de Goethe), publié à l’occasion de la première étape de la rétrospective à Munich, pour approfondir sa connaissance de cet artiste d’une grande complexité et d’une grande contemporanéité.