Démesure et quête d’impossible caractérisent au plus près ce qu’on peut ressentir face aux œuvres ébouriffantes parfois totalement déjantées réunies par Françoise Monnin autour de ce thème mythique et sans limites qu’est l’espace.
Le ciel, la lune et les étoiles ont toujours fait rêver les humains, mais là, ça va très loin. Et c’est aussi très concret. Quarante-neuf vaisseaux spatiaux, soucoupes volantes, astres et autres ovnis réalisés avec le plus grand soin par André Robillard (né en 1931) planent dans les vastes espaces de cette ancienne coopérative vinicole transformée en musée dédié à la collection si particulière de Cérès Franco. « Dans la tête d’André Robillard, comme dans celle de nombreux artistes bruts et de certains singuliers, vibre l’espoir de rencontrer une civilisation extraterrestre, au sein de laquelle ils se sentiraient mieux accueillis que dans le monde où ils vivent, trop isolés, parfois humiliés », analyse Françoise Monnin. Parmi beaucoup d’autres apparitions merveilleusement déraisonnables, les peintures aux jeux picturaux radicalement libres de Dominique D’Acher (1929-1991) ou d’Anselme Boix-Vives (1899-1969) surgissent en embuscades d’une fraîcheur et d’une vivacité hallucinées. Invités à s’immerger jusqu’à se perdre dans la jungle étoilée des imaginaires d’artistes échappant à tous radars normatifs, à des millions d’années-lumière du « bon » et du « mauvais » goût, les yeux et le cerveau du spectateur sortent de cette décapante odyssée spatiale lessivés par tant de liberté.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Imaginaires cosmiques hors contrôle