L’œuvre de Paul Guigou (1834-1871) se singularise par le petit format et le paysage, mais attention, pas n’importe quel paysage : celui de la Provence, dans les environs de Marseille. Ceci pourrait rapidement nous amener à le classer parmi les peintres secondaires, si nous gardions la logique centralisatrice considérant que l’art se fait à Paris ; les artistes labellisés « de province » suivraient alors tout simplement le mouvement, en moins bien évidemment. Or, notre Guigou s’installe à Paris en 1863, année du scandale du Déjeuner sur l’herbe de Manet et du Salon des refusés. Lui est reçu cette même année au Salon officiel. Il aurait pu côtoyer les critiques influents, participer aux débats esthétiques, faire des rencontres décisives s’il n’avait pas été aussi discret, timide, solitaire et possédé par ses vues panoramiques structurées par la lumière aveuglante du Sud. Jean-Roger Soubiran, l’historien du paysage provençal, considère qu’« après Cézanne, Guigou est avec Monticelli, le peintre le plus important du Midi au xixe siècle ». En effet, il offre à ses vues minérales, où l’humain est anecdotique, une modernité de traitement qui le place entre Courbet et Cézanne. Sa carrière s’interrompt trop tôt puisqu’il meurt à trente-sept ans en 1871. La reconnaissance institutionnelle sera tardive (deux expositions monographiques en 1927 au Luxembourg et en 1959 à Marseille) et la présentation aujourd’hui au musée Marmottan (venant directement de Marseille) participe de cette redécouverte d’un artiste presque inconnu du grand public.
« Paul Guigou (1834-1871) », PARIS, musée Marmottan Monet, 2, rue Louis Boilly, XVIe, tél. 01 44 96 50 33, 16 mars-26 juin. Cat. musées de Marseille/musée Marmottan Monet/ éditions Lafitte, 210 p., 33,50 euros, 2004.
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Guigou, un maître provençal méconnu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°570 du 1 juin 2005, avec le titre suivant : Guigou, un maître provençal méconnu