Les collectionneurs ont décidément le vent en poupe. En moins d’un an, le public français a pu découvrir les pépites rassemblées par Courtauld, Bührle ou encore Alana, pour ne citer que les plus gros événements.
Les musées de province sont aussi gagnés par cette tendance qui permet de braquer les projecteurs sur des fonds moins célèbres, mais à la genèse tout aussi passionnante. Le Musée des beaux-arts de Chambéry lève ainsi le voile sur une collection peu connue de ce côté-ci des Alpes, mais considérée en Italie comme l’une des plus importantes du XXe siècle et aujourd’hui dispatchée entre les musées turinois, la Banca d’Italia et des propriétaires privés. Cette recomposition partielle de la collection de Riccardo Gualino (1879-1964) narre aussi, et surtout, le destin hors norme de son fondateur. Un personnage haut en couleur dont la trajectoire se confond avec l’histoire de la Botte. Celle d’un industriel, collectionneur, mécène exilé par le Duce en personne, féru autant de l’art primitif que promoteur des peintres de son temps et des moyens d’expression les plus contemporains. Cet amoureux de la peinture ancienne et de l’art de l’Extrême-Orient a en effet fondé un empire cinématographique avec les studios Lux Film. Véritable plongée dans l’effervescence des Années folles, l’exposition est une belle mise en perspective de l’histoire du goût et une ode réjouissante à l’éclectisme, où l’on croise notamment des chefs-d’œuvre de Van Dyck, Guardi ou encore Casorati.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Gualino : une ode à l’éclectisme
