Architecte - Gianni Pettena (né en 1940) est un électron libre de l’architecture radicale italienne.
Proche des groupes Archizoom ou Superstudio qui dénonçaient une architecture jugée soumise au consumérisme, l’artiste s’est toujours tenu à distance de ses confrères. Après ses études à Florence, l’autoproclamé « anarchitecte » imagine des installations en mouvement, offertes aux éléments. Emportées par le vent, les bandes blanches ornant la façade du Crac Occitanie, redessinent les lignes très géométriques de ce cube de béton, et cachent partiellement son enseigne. D’autres longues bandes blanches de papier saturent tout l’espace d’une des salles du Centre d’art. Lors du vernissage, le visiteur devait se munir de ciseaux pour se frayer un chemin à travers cette installation, Paper, réalisée pour la première fois en 1971 à Minneapolis (États-Unis). L’architecture qui contraint les corps et leur mouvement est évoquée avec Tunnel sonore, alignement de cadres carrés de plus en plus petits dans lequel un personnage recouvert de plaques métalliques tente d’évoluer. Imaginée sous la forme d’un croquis en 1966, l’œuvre n’avait encore jamais été produite.
Réactivées à Sète, ses installations puisent dans l’art conceptuel mais s’inspirent aussi de l’Arte povera et du Land Art par l’utilisation de matériaux naturels (la terre glaise, le rafia) ou l’inscription dans leur environnement. Avec Présence/Absence (2020), l’empreinte du corps de l’artiste moulé dans le plâtre, devient une grotte primitive. Il faut aussi s’attarder sur ses vidéos : dans l’une d’elles, la marée efface inexorablement le mot « architecture » tracé dans le sable. Avec Intense. Projet d’architecture (1971), Pettena filmé à sa table de travail est très occupé à se curer les ongles ou à fumer une cigarette. Une ode savoureuse et très actuelle à l’insoumission.
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Gianni Pettena déconstruit l’espace
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : Gianni Pettena déconstruit l’espace