Garouste, peintre-chevalier

« Je crois que ce n’est pas un hasard si je travaille sur Don Quichotte : le personnage créé par Cervantès est fou et il s’oppose au dogme établi... »
Or le dogme, c’est tout ce que Gérard Garouste cherche à combattre et cela suffit à justifier à ses yeux le fait qu’il fasse de la peinture. D’ailleurs, il ajoute à qui veut l’entendre : « Don Quichotte est à la chevalerie ce que la peinture est à l’avant-garde. La peinture n’est pas dans l’air du temps ! Je veux simplement raconter une histoire dans laquelle le regard de l’autre peut s’insérer. » Voilà trois ans bien remplis que Garouste s’est saisi de l’œuvre monumentale de l’Espagnol. Comme il l’a fait par le passé avec Dante, la Bible ou Rabelais. Il y a chez lui une irrésistible volonté de se mesurer aux grands textes de l’histoire de la littérature. Et, à la manière de Rodin, Garouste n’y va pas par quatre chemins : il va de bibliothèque en bibliothèque, lit différentes éditions, les compare pour mieux entrer de plain pied dans le processus même de création de l’auteur. Dès lors qu’il a décidé de l’objet sur lequel il veut engager son travail, Garouste est insatiable. À l’ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche et à son double inversé Sancho Pança, Garouste n’a pas laissé une minute de répit. En peintures, dessins, gouaches, Garouste piste ses héros dans tous les recoins du récit, il les met à l’épreuve de toutes les techniques, il en brosse une puissante épopée plastique multipliant métaphores et aphorismes en quête d’une énigme duelle, celle de la vie et de la peinture.