Johann Heinrich Füssli (1741-1825) quitte sa Suisse natale à l’âge de 22 ans pour s’installer en Angleterre, où il jouera un rôle artistique de premier plan.
Son œuvre apparaît comme une fusion grinçante de théories néoclassiques et de sensibilité romantique, ce que Mario Praz résumait en un raccourci éloquent : « L’anatomie de Michel-Ange se combinait dans son œuvre avec les gestes désarticulés et véhéments du théâtre de Shakespeare tel qu’on le jouait à Londres quand Füssli y arriva. » L’inspiration shakespearienne constitue alors un enjeu national, concrétisé par la création en 1789 de la Shakespeare Gallery. Füssli participe avec de nombreuses toiles à cette entreprise par laquelle l’Angleterre entend se doter d’une peinture d’histoire qui lui fait cruellement défaut. Du début à la fin de sa carrière, parallèlement à d’autres sources d’inspiration littéraire (Homère, Dante, Milton, les Nibelungen...) l’artiste ne cesse en effet de « mettre en peinture » les visions tour à tour tragiques, démoniaques, comiques ou féeriques que lui inspire le grand dramaturge anglais. Loin d’être illustratives, ces visions obéissent à une fonction allégorique de la nature et de la vie humaine. Les comédies féeriques en particulier, comme le Songe d’une nuit d’été ou le Conte d’hiver, trouvent en lui un interprète hautement inspiré. Le maniérisme incongru de son style, l’érotisme alambiqué et cruel de ses personnages féminins, son goût de la féerie inquiétante y font merveille.
ZURICH, Kunsthaus, jusqu’au 19 septembre.
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Füssli au théâtre de Shakespeare
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Füssli au théâtre de Shakespeare