A première vue, il y a dans la peinture abstraite de Fiona Rae quelque chose d’un paradoxe. Ses peintures, volontiers de grand format, cultivent en effet les extrêmes d’une densité et d’une fluidité dans des compositions qui procèdent du palimpseste. Toutefois, si l’artiste revendique le fait d’abstraction, elle en évacue le principe d’autonomie, si cher aux pères fondateurs des années 1910, et en exclut toute forme expressionniste façon années 50. Lauréate du Prix Turner en 1991, elle ne cesse de développer une œuvre peinte singulière qui se nourrit de tous les questionnements sur la réalisation picturale dans le contexte contemporain de multiplication des références et des images. Sa démarche est fondée sur l’affirmation de la pérennité de la peinture non pas en contrepoint des nouveaux médias mais en composant avec eux. Si son art avoue devoir à des artistes comme Twombly, Polke ou Richter, il est très largement inspiré par la bande dessinée, le cinéma, les jeux vidéos, l’image numérique et l’utilisation de Photoshop. A ce point même que, face aux œuvres de Fiona Rae, le regard est sollicité de tous côtés ; il va et vient d’un endroit à l’autre de la toile, obligé à toutes sortes de gymnastiques subtiles pour circuler dessus, dessous, plonger au cœur d’un vide, se frayer un chemin entre divers obstacles... Si l’on a pu voir régulièrement le travail de Fiona Rae depuis 1994 chez Nathalie Obadia, l’exposition nîmoise est une première par le panorama d’œuvres des cinq dernières années qu’elle nous propose, auquel s’ajoute un lot de cinq pièces des années 1990-91.
- NIMES, Carré d’Art, place de la Maison carrée, tél. 04 66 76 35 70, 11 octobre-5 janvier.
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Fiona Rae, une nouvelle abstraction
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°541 du 1 novembre 2002, avec le titre suivant : Fiona Rae, une nouvelle abstraction