Lille accueille le cycle monumental peint par l’artiste italien sur « La Jérusalem délivrée ».
LILLE - À l’instar de son confrère toulousain (lire ci-contre), le Palais des beaux-arts de Lille a développé un projet fécond avec la région des Pouilles, en Italie du Sud, pour faire venir en France de grandes œuvres du patrimoine italien. Si le Musée des Augustins a opté pour le didactisme, le musée du Nord a privilégié une mise en scène originale dépourvue d’explications pour révéler au public le cycle peint par Paolo Domenico Finoglio (1590-1645) sur La Jérusalem délivrée, poème épique écrit en 1581 par Le Tasse.
« Finoglio construit ici un théâtre intime et met l’accent non sur les croisades et leurs scènes de batailles (reléguées à l’arrière-plan), mais sur les sentiments humains, l’union des peuples et des êtres », explique Alain Tapié, à la tête du musée lillois. « C’est un chef-d’œuvre absolu qu’on ne peut réduire au caravagisme, et qui doit autant au maniérisme qu’aux élans baroques. »
Réalisé à la fin de la vie de l’artiste et considéré comme son art le plus abouti, cet ensemble de dix tableaux monumentaux a été exécuté pour le château du comte de Conversano, Giangirolamo II Acquaviva d’Aragon. L’œuvre est aujourd’hui conservée à la Pinacoteca Paolo-Domenico-Finoglio, à Conversano. L’institution a accepté de s’en séparer en échange du prêt, le temps de la manifestation, d’une vingtaine de tableaux de la collection italienne du Palais des beaux-arts.
Scénographie baroque
Confiée à l’artiste et cinéaste Alain Fleischer, la scénographie pour le moins audacieuse consiste à réunir au centre de l’atrium, sous la verrière du Palais, neuf des dix toiles du cycle en une imposante oblique « séquentielle » laissant les œuvres visibles recto et verso.
Déroutant, ce dispositif, qui se veut à la mesure du cycle de Finoglio, est censé répondre à certaines règles baroques comme le recours à la diagonale ou l’enchaînement de plans successifs en profondeur de champ. Il ne parvient toutefois pas à résoudre les problèmes d’éclairage inhérents à cet espace baigné de lumière naturelle, et les toiles sont, au final, difficiles à appréhender. Chaque scène est agrémentée d’un passage du poème pour lire le tableau en regard du texte de Le Tasse.
La dixième peinture, Tancrède baptisant Clorinde, ornait la garde-robe du comte Aqua Viva. Cette scène nocturne tragique conclut un parcours surprenant, dépourvu de cimaises ou cartels explicatifs à l’attention du visiteur, qui doit s’en remettre à un petit livret distribué à l’entrée. Dans les espaces permanents laissés vacants par le départ des œuvres à Conversano, le musée dévoile une soixantaine de dessins de sa collection d’art graphique. La sélection évoque la création italienne à l’époque où Finoglio réalise ce cycle grandiose, véritable découverte pour le public français.
FINOGLIO, jusqu’au 12 juillet, Palais des beaux-arts, place de la République, 59000 Lille, tél. 03 20 06 78 00, tlj sauf mardi et 1er mai, 10h-18h, 14h-18h le lundi. Catalogue, Somogy Éditions d’art, 80 p., 19 euros.
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Finoglio entre en scène
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Abonnez-vous dès 1 €Commissaire de l’exposition : Alain Tapié, directeur du Palais des beaux-arts et du Musée de l’Hospice-Comtesse
Scénographie : Alain Fleischer, directeur du Fresnoy, Studio national des arts contemporains
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Finoglio entre en scène