De troublantes et improbables figures, entre apparition et effacement, qui semblent hésiter à se montrer. Voire à se dire.
Si l’on connaît les peintures d’Eugène Leroy (1910-2000) et si on en reconnaît assez facilement les images enfouies dans la matière, on ne connaît pas bien ses dessins. Pourtant, l’artiste n’a eu de cesse de dessiner toute sa vie, et son œuvre graphique est d’une richesse égale à celle de sa peinture, pour ce que le dessin est trace, tant de la pensée que du corps. Une trace qui réfute l’idée de la mimesis mais qui dit une présence, à la façon dont Jean Clair écrit que Leroy veut saisir non la ressemblance mais au contraire l’indéfini, l’insaisissable, l’imprévu...
La donation Leroy qu’a reçue le musée de Tourcoing il y a quelques années compte quelque cent quarante dessins et dix-huit carnets, qui sont le meilleur enseignement à l’art de cet immense artiste. Crayon, fusain, gouache, aquarelle, craie… Eugène Leroy affectionnait et maîtrisait tous les matériaux et il savait parfaitement leur faire rendre ce qu’il recherchait.
L’exposition de dessins que présente le Musée de Tourcoing nous permet de comprendre comment le peintre voit le corps exister dans la lumière et dans l’espace. Dessiner, disait-il, c’est le geste. Saisir un geste. Surprendre un geste. Pourtant, le geste, en fin de compte, disparaît presque toujours. C’est dire qu’Eugène Leroy fixe sur le papier quelque chose qui passe dans la fulgurance d’une vision. La foudre pilote l’univers , disait Héraclite.
MUba Eugène Leroy, 2, rue Paul-Doumer, Tourcoing (59), www.muba-tourcoing.fr
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Eugène Leroy, saisir la fulgurance du geste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Eugène Leroy, saisir la fulgurance du geste