BESANÇON - Gérard Vulliamy (1909-2005) sort de l’ombre. Sept ans après la disparition du peintre, l’édition d’une monographie et la présente exposition reflètent les efforts de ses descendants pour diffuser son œuvre.
Le Musée des beaux-arts de Besançon (Doubs) propose de découvrir la création graphique de cet artiste qui traversa discrètement le XXe siècle et ses différents mouvements. D’abord membre du groupe Abstraction-Création, Vulliamy se rapproche dans les années 1930 des surréalistes, au point d’épouser la fille de Paul Éluard, Cécile. Il partage avec eux bien plus que des liens familiaux, s’intéresse à l’automatisme des formes, aux désirs refoulés, à l’inconscient et au fantastique. Les œuvres exposées témoignent de ces recherches menées durant une quinzaine d’années, avant qu’il ne glisse définitivement vers l’abstraction, autour de 1945. Dans l’unique salle d’exposition, le parcours s’articule autour du chef-d’œuvre surréaliste de Vulliamy, son Cheval de Troie (1936-1937).
Créatures hybrides
Fidèle au mot d’ordre d’André Breton, la beauté de cette peinture est bel est bien « convulsive ». D’un cheval éventré s’échappent des créatures hybrides, une barque squelettique flotte sur une mer de formes organiques… L’univers rappelle celui de Jérôme Bosch et la technique, celle des peintres de la Renaissance italienne. Des anciens, Vulliamy a également la rigueur, comme le démontrent les esquisses préparatoires présentées juste à côté du tableau. La seule peinture de l’exposition sert avant tout à montrer l’importance du dessin dans le processus créatif de l’artiste. Fusain, mine de plomb, pastel, encre, huile, il manie toutes les techniques dans des travaux qui se révèlent des œuvres à part entière, comme L’Inaccessible et Glaciale Joconde (1938) ou Le Dégel des frontières (1941).
Deux vitrines accueillent au centre de la pièce les gravures et illustrations que Vulliamy exécutait volontiers pour ses amis écrivains. Y sont entre autres exposés les portraits réalisés pour le recueil Souvenirs de la maison des fous (1946), de Paul Éluard, réédité pour l’occasion. Différents états de gravure et des illustrations publiées notamment dans La Main à la plume, revue surréaliste dont il accueillait les réunions pendant la guerre, complètent ce panorama de sa création graphique. Le parcours rapide mais didactique constitue une introduction efficace à l’œuvre d’un artiste dont il tarde maintenant de découvrir les peintures.
Commissariat : Emmanuel Guigon, directeur du Musée des beaux-arts de Besançon
Jusqu’au 2 avril. Musée des beaux-arts, place de la Révolution, 25000 Besançon, tél. 03 81 87 80 49, www.musee-arts-besancon.fr, tlj sauf mardi 9h30-12h et 14h-18h, 9h30-18h le week-end. Monographie, par Lydia Harambourg, éd. de la RMN-Grand Palais, 262 p., 40 €.
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Études surréalistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : Études surréalistes