ROME / ITALIE
« Delenda Carthago » : Carthage doit être détruite. Ce mot, attribué à Caton l’Ancien qui aurait eu pour habitude de le prononcer pour clore ses discours devant le sénat romain en 150 av.
J.-C., est connu de tous les latinistes. Carthage sera dévastée par Rome quatre ans plus tard, au terme de la troisième guerre punique, qui opposait une fois de plus les deux rivales. Mais Carthage n’a pas dit son dernier mot. La voici aujourd’hui qui investit triomphalement le Colisée et le Forum de Rome. Sur son char, elle a emporté quelque 400 œuvres prêtées par les plus importants musées archéologiques d’Italie, mais aussi d’Espagne, de Malte, du Liban, d’Allemagne, et surtout de Tunis. Elles témoignent de la grandeur de Carthage et de ses échanges avec Rome, qui ne furent pas seulement belliqueux, mais aussi, dans les périodes de paix, culturels et commerciaux. Car le parcours ne se contente pas d’illustrer les guerres puniques et la figure du grand général carthaginois Hannibal : des origines de la cité phénicienne à la naissance du christianisme, il met en lumière, avec clarté et pédagogie, le rôle décisif de ces deux puissances dans la dynamique politique et culturelle du bassin méditerranéen. Au cours de sa balade dans cette exposition aux allures de fresque historique, le visiteur se cultive comme il s’émerveille de la délicatesse des œuvres, du sarcophage de la « prêtresse ailée » aux irrésistibles petites têtes colorées en pâte de verre portées en pendentif. N’en déplaise à Caton, la grande Carthage n’a pas été totalement détruite, et les Romains d’aujourd’hui s’en réjouissent.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Éternelle Carthage