Le parc national des Cévennes fête ses 50 ans en 2020, l’occasion pour le Musée des vallées cévenoles de mettre à l’honneur les relations qu’entretient l’homme avec la faune locale.
L’exposition regroupe une vingtaine d’œuvres d’artistes contemporains et quatorze spécimens naturalisés issus de la collection même du musée et prêtés par le Muséum d’histoire naturelle de Nîmes. Admiration, crainte, domination : ces rapports ambigus sont au centre de la démonstration dont l’atmosphère l’est tout autant. Les œuvres contemporaines exposées dans un grand espace aux murs sombres, comme Le Complot (2005) de Clara Perreaut, donnent le ton du projet, pensé comme un cabinet de curiosités. Les deux fauteuils de conversation Louis XV en renards empaillés placés côte à côte rappellent la domination de l’homme sur la faune, mais aussi sa fascination pour le sauvage. La réflexion que souhaite provoquer le musée chez les visiteurs passe également par des installations plus oniriques, à l’instar de celle de Bertrand Gadenne, Les Papillons (1988), qui projette des papillons multicolores sur les visiteurs. Le sauvage s’invite donc dans l’espace muséal qui est, lui, domestiqué. Le dialogue entre création contemporaine et données scientifiques rejoue notre relation au sauvage, tout en gardant sa part de mystère, et soulève des questions éthiques autant qu’esthétiques, comme en témoignent les trophées de chasse inversés de Rodolphe Huguet, où l’arrière-train de l’animal (cerf, sanglier) est naturalisé et accroché au mur.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°737 du 1 octobre 2020, avec le titre suivant : États sauvages…