Entre mesure et démesure

Transformé en une agora ouverte à l’aventure artistique, le centre voit tous ses espaces investis par un florilège de propositions, dont certaines monumentales et immersives, signées notamment par des pointures internationales : Daniel Buren, Subodh Gupta, Mona Hatoum, Ai Weiwei... Les plasticiens stars, établis ou émergents (dont le talentueux Arcangelo Sassolino présentant une machine arachnéenne inquiétante), questionnent leur place dans un monde globalisé, les rapports humains, mais aussi l’humour, le rêve et l’ailleurs. Si les intentions du directeur du Centquatre, José-Manuel Gonçalvès, et des galeristes italiens sont tout à fait louables – démocratiser l’art, en tirer du plaisir –, force est de reconnaître que certains écueils ne sont pas évités. « L’entertainment culturel » dans lequel glissent certains créateurs font dévier l’art vers un parc d’attractions ludiques qui confondrait art et divertissement (on porte des masques chinois avec Qiu Zhijie, on mange des bananes pour Gu Dexin, on joue avec une spirale ventée de Kapoor...), et le goût pour le gigantisme conduit plus d’un vers le spectaculaire facile : les quarante tonnes de la sculpture en métal d’Antony Gormley n’offrent guère de mystère. Heureusement, à l’infiniment lourd, des artistes opposent l’inframince, le précaire et l’intime : à ce titre, ne manquez pas les tondi lumineux de Buren, les chevaux funèbres de Berlinde De Bruyckere ainsi que les toutes petites compositions habitées de la poétesse Etel Adnan.