Une rue plutôt paisible, un portail XVIIe, une petite cour pavée, quelques marches en façade, le centre d’art contemporain de Castres est installé au rez-de-chaussée d’un charmant hôtel particulier. De l’extérieur, rien ne laisse supposer ce qu’il y a dedans. À l’intérieur, boiseries, parquets, cheminées et jardin privatif accentuent le sentiment éprouvé dehors. Quoiqu’il soit originaire de Nice, Pascal Pinaud connaît bien le centre d’art de Castres ; il y a exposé voilà sept ans. Invité à y revenir, il a souhaité opérer non plus sur le mode personnel mais en situation de commissaire d’exposition – ce qu’il a déjà fait dans le passé ici et là – proposant à quelques artistes qu’il aime bien de réactiver les lieux dans leur fonction originelle d’appartement bourgeois, orienté art contemporain. Comme s’il avait voulu en quelque sorte excéder l’aspect privé du bâtiment pour que le visiteur y entre avec la troublante sensation de pénétrer chez un particulier et, finalement, de déranger. Pour ce faire, il a remodelé certaines données de l’espace, réinventé des axes de perception, réuni toutes sortes d’œuvres lui permettant de recréer comme un lieu d’habitation et de vie : papier peint de Stéphane Magnin, bureau gigogne de Mathieu Mercier, fauteuils de Richard Fauguet et de John Armleder, photo-tableau de Bustamante, cage à oiseau du même, vidéo de Jacques Julien, tapis de Sandra Lecoq, etc. Pour sa part, Pinaud y a reproduit une œuvre de John Armleder, Lit Onos, qu’il a installé dans un décor savamment élaboré, dont un meuble à dessins laissé à la consultation du visiteur. Outre que l’exposition se présente comme un champ d’expérimentation aux multiples facettes et joue du mélange des genres et d’une mise en abyme entre les œuvres, elle constitue aussi une proposition volontiers légère aux éléments potentiellement interchangeables. Comme il en est dans la réalité d’un logement privé où l’on déplace ici un meuble, là une table, là encore un tableau. Comme il en devrait être par la suite, Pascal Pinaud aspirant à pouvoir réitérer sa proposition en d’autres places et en d’autres lieux.
« Colocataire », CASTRES (81), centre d’art contemporain, 35 rue Chambre de l’Édit, tél. 05 63 59 30 20, 18 juin-10 décembre.
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Entre colocation et cohabitation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Entre colocation et cohabitation