XXe Siècle - À Anvers, l’automne se décline avec quatre grandes expositions consacrées à Ensor.
Deux sont directement liées à l’œuvre du maître ostendais tandis que les deux autres célèbrent plutôt l’esprit du peintre dans des créations contemporaines. Pour la postérité, James Ensor (1860-1949) est souvent perçu comme le peintre des masques, or les peintures avec masques ne constituent qu’une partie de son œuvre. C’est ce que montre le Musée royal des beaux-arts (KMSKA) dans une vaste rétrospective qui s’attache à montrer comment s’est forgée tant son inspiration que son approche picturale, esthétique, sociale et même politique, au contact de ses contemporains et de ses prédécesseurs. Le génie d’Ensor a été de puiser dans les diverses avant-gardes de son époque, l’impressionnisme, le symbolisme, comme dans la culture populaire du cabaret et de la farce pour développer un style et une touche singulière, étonnamment cohérente sur toute sa production. Le poète belge Émile Verhaeren a déclaré que pour vraiment apprécier l’art d’Ensor, il faut s’attarder sur ses gravures. C’est ce que propose le Musée Plantin-Moretus en rassemblant de nombreuses eaux-fortes d’Ensor. Dans cette passionnante exposition, on peut voir comment il transforme ses images jusqu’à, de surprise en surprise, arriver là où il voulait. Ses images comptent parfois jusqu’à six étapes successives, ajoutant ici un détail, là un squelette ou faisant disparaître certains éléments. Dans son studio, il expérimentait, en totale liberté, avec les techniques et les couleurs pour infuser de son imaginaire si particulier la réalité qui l’entourait. Pendant toute sa carrière, l’artiste américaine Cindy Sherman (née en 1954) s’est effacée sous des masques. Grâce au maquillage, aux prothèses et aux vêtements, elle a façonné de fascinants autoportraits qui offrent un miroir grinçant du regard porté sur la femme dans nos sociétés. Le Musée de la photographie (FOMU) propose « Anti-fashion », une exposition montée par la Staatsgalerie Stuttgart, qui évoque les images audacieuses, et parfois refusées, que l’artiste a réalisées pour l’industrie de la mode. Outre les masques, elle partage un autre point commun avec Ensor : la critique des conventions sociales à travers les mascarades. Au Musée de la mode (MoMu), ce sont d’autres genres de masques qui prolongent le jeu d’Ensor avec le réel. Les maquilleurs et coiffeurs qui travaillent avec les grands stylistes sont des artistes à part entière. Justice leur est rendue dans une éblouissante et copieuse exposition qui interroge aussi l’évolution des notions de beauté et de féminité.
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Ensor, hier et aujourd’hui
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°780 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Ensor, hier et aujourd’hui