Art Contemporain - A-t-on encore besoin d’affirmer que l’art et la vie sont indissociables ? A-t-on encore envie de s’intéresser à la porosité entre réel et fiction dans l’art en 2023 ? À première vue, « Histoires vraies » ne semble pas être une proposition très originale.
Pourtant, l’oxymore du titre et les questions qu’il déclenche sont toujours d’actualité, les problématiques actuelles générant de nouvelles réflexions et tentatives de réponse. Pour Frank Lamy, commissaire, « on a besoin de récits alternatifs, dissidents par rapport aux grands récits canoniques normalisant le réel et les subjectivités », et c’est bien là un des enjeux principaux de l’exposition : créer un « espace poreux » dans lequel les œuvres sont autant d’hypothèses dont nous sommes invités à nous emparer pour (re)construire nos propres histoires et (ré)écrire nos récits. Pensée de manière « rhizomatique » et souhaitant favoriser le dialogue à rebours de tout binarisme, l’exposition se déploie sans parcours prédéfini ni textes au mur. Nous sommes invités à déambuler à la (re)découverte d’œuvres diverses, réalisées par une quarantaine d’artistes contemporains. La part belle est faite aux jeunes artistes, certains à peine sortis d’école. Parmi ces propositions, on retiendra notamment l’installation dystopique du duo de designers Aletheia, les films d’Alice Brygo et Anaïs Tohé-Comaret explorant les marges en se plaçant à la lisière entre documentaire et fiction, les assemblages d’objets quotidiens auxquels Farès Hadj-Sadok confère une aura magique, ou encore les sculptures kitsch et queer de Jordan Roger. L’exposition démontre la vitalité de la scène émergente, dont les intérêts et questionnements font écho à ceux des générations précédentes, représentées ici par des artistes comme Suzanne Husky, Jean-Charles de Quillacq, Marie Losier ou encore Mary Sibande. Bien qu’un peu dense, cette exposition ouvre des perspectives et des pistes de réflexion fécondes pour remettre en cause l’ordre normatif dominant. Elle est accompagnée d’un très beau catalogue qui rassemble des notices écrites par la critique d’art Sarah Ihler-Meyer et dont le graphisme séduisant (Paulin Barthe), qui rappelle celui des contes, sied parfaitement à l’exposition.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Encore des "histoires vraies" ?