Si certains ont pu voir « Poésure et Peintrie », une exposition autour de la peinture et de l’écriture dirigée par Bernard Blistène à Marseille en 1993, à Genève les commissaires Andrea Bellini et Sarah Lombardi abordent le thème du dessin et de l’écriture.
Ambitieuse et originale, « Scrivere disegnando. Quand la langue cherche son autre » est le fruit de trois ans de recherches et le deuxième volet d’une série d’expositions autour du langage. Sous le prisme de l’anthropologie, ce dense accrochage, regroupant les créations d’une centaine d’artistes, est constitué d’œuvres essentiellement d’Art brut, notamment grâce à la collaboration de la Collection de l’Art brut à Lausanne. Lorsque l’on pénètre dans la première salle, Otto le robot de Jürg Lehni retranscrit un message venu de l’au-delà. Ce rapport entre l’écriture et la communication est l’un des fils rouges de l’exposition, que l’on retrouve également dans les œuvres de Jean Perdrizet, Barbara Suckfüll ou de Susan Hiller. Les œuvres sont intimes, il faut s’approcher et les déchiffrer. Quant aux sujets traités, ils sont pour la plupart douloureux. En témoigne la violence des lettres rédigées par Justine Python s’adressant au juge qui l’a placée en hôpital psychiatrique, les toiles tissant des liens entre écriture et esclavage de Steffani Jemison ou les feuilles d’Adolf Wölfli pour qui l’écriture était une thérapie. Malheureusement, on se perd facilement dans cette grande exposition où les indications manquent. Sans guide, ou sans préparation en amont, on risque fortement de passer à côté. In fine, il s’agit d’une exposition pour les plus experts.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : Écrire en dessinant