« Ant Noises », exposition organisée par la Saatchi Gallery, rassemble certaines des figures artistiques qui avaient autrefois fait l’extraordinaire succès commercial de cet espace.
Mais ce qui pouvait passer, il n’y a pas si longtemps, pour l’expression d’une jeune génération talentueuse paraît aujourd’hui daté, définitivement inscrit dans une logique artistique propre aux années 80. Ainsi, Jake et Dinos Chapman présentent DNA Zygotic, sculpture composée de douze têtes de jeunes filles, de quatre jambes et d’un bras. Pourtant, la monstruosité de ce corps mutant n’éveille désormais qu’un intérêt très limité. De même, que dire des toiles de Jenny Saville avec ces êtres obèses assemblés par de fines cordes ! Certes, la trivialité des couleurs et des tons dénote une maîtrise indéniable. Mais cela suffit-il ? Sur les dix artistes présentés, seuls Gary Hume, Sarah Lucas et Damien Hirst paraissent avoir dépassé l’esthétique qui avait fait leur succès. Contemplating a Self portrait de Hirst offre une singulière interrogation sur le rôle de l’artiste. Hume de son côté poursuit avec talent son investigation d’une liaison possible entre figuration et abstraction. Pour les dirigeants de la Saatchi Gallery, cette présentation estivale permet surtout de relancer une machine commerciale déjà florissante. Cependant, « Ant Noises » est aussi une exposition qui montre clairement comment certains artistes se sont brûlés au contact du succès, comment d’autres ont su éviter l’essoufflement en s’interrogeant sur les conditions mêmes de leur pratique artistique. De ces échecs et de ces réussites naît l’intérêt de cette exposition.
LONDRES, The Saatchi Gallery, jusqu’au 20 août.
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Échecs et succès de la Saatchi Gallery
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Échecs et succès de la Saatchi Gallery