Monographie

Duncan Campbell au Wiels

Par Stéphane Renault · Le Journal des Arts

Le 15 février 2017 - 338 mots

Le centre d’art bruxellois présente les films documentaires teintés de cinéma d’avant-garde de l’artiste irlandais.

BRUXELLES - Le remarquable centre d’art contemporain sis dans le bâtiment de l’ancienne brasserie Wielemans-Ceuppens, construit par l’architecte moderniste Adrien Blomme, fête ses 10 ans d’existence. Une décennie bien remplie : plus de 400 000 visiteurs, des collaborations avec la Tate Modern (Londres), le MoMA (New York), le Centre Pompidou, 130 artistes en résidence, près de 180 exposés, parmi lesquels Mike Kelley, Luc Tuymans, Francis Alÿs, Rosemarie Trockel, Felix González-Torres, Ann Veronica Janssens…

Cinéma hybride
Le Wiels accueille pour la première fois en Belgique une exposition monographique de Duncan Campbell. L’artiste d’origine irlandaise né en 1972, basé à Glasgow, y présente trois de ses films 16 mm : It for Others (2013, 55 min), Bernadette (2008, 38 min) et o Joan, no… (2006, 12 min). Le premier, réalisé pour le pavillon écossais de la 55e Biennale de Venise (2013), lui a valu de recevoir le Prix Turner en 2014. On peut y voir une exploration des sculptures africaines du court-métrage Les Statues meurent aussi (1953) coréalisé par Chris Marker et Alain Resnais, tourné en partie au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren (Belgique).

Dans une veine documentaire, mélangeant archives et fiction, l’artiste explore la manière dont le langage et les images peuvent être source de mythologie. Son travail, marqué par l’influence d’un autre Irlandais majeur, Samuel Beckett, interroge l’information standardisée produite par les mass media, encline à occulter la singularité des histoires individuelles. Pour Dirk Snauwaert, directeur du Wiels et commissaire de l’exposition : « Campbell réinvente le standard du documentaire à partir d’un travail d’archivage. Mais cela va au-delà. C’est une fusion entre le cinéma d’avant-garde et le cinéma-vérité. Il y a un côté parfois anachronique dans son travail. Chaque projet est un saut dans une expérience cinématique. Il possède une vraie érudition cinématographique. »

Avec les récents attentats, la fréquentation du Wiels a souffert. Raison de plus pour s’y précipiter, en attendant l’ouverture de la prochaine exposition, le 19 avril, intitulée « Le musée absent », sur le thème de ce fameux musée d’art contemporain qui n’existe pas à Bruxelles.

Duncan Campbell

Jusqu’au 26 mars, Wiels, centre d’art contemporain, av. Van Volxem 354, Bruxelles, tél. 2 340 00 53, tlj sauf mardi 11h-18, www.wiels.org, entrée 10 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°473 du 17 février 2017, avec le titre suivant : Duncan Campbell au Wiels

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