Doré brille à Orsay

Autodidacte, Doré entame à 15 ans une carrière de caricaturiste ; ses dessins mordants et son style novateur lui valent un vif succès. Touche-à-tout de génie, il s’impose ensuite comme le « plus illustre des illustrateurs » et se confronte en quelques années aux plus grands textes du répertoire occidental : la Bible, Dante, Rabelais, La Fontaine, sans oublier les contes de Perrault. Il crée ainsi des images puissantes passées à la postérité, des planches d’une grande modernité affichant un sens aigu de la narration et une mise en scène diablement efficace qui font de lui un précurseur de la BD et du cinéma. L’exposition rend compte de son œuvre prolifique et démontre son influence sur une kyrielle de cinéastes, de Cecil B. DeMille à Burton en passant par Cocteau. Alors que ses illustrations font partie intégrante de notre imaginaire collectif, ses tableaux et sculptures demeurent, en revanche, injustement méconnus. Le parcours dévoile cette autre facette de son talent, plaidant pour sa réévaluation. Si ses grandes sculptures peinent à convaincre, ses petits bronzes se montrent inventifs et réjouissants, à l’image de l’aérienne Roger et Angélique ou de la facétieuse Joyeuseté. Même ses grandes machines picturales et ses paysages se révèlent d’une grande force évocatrice et méritent de sortir de l’ombre. Cette belle rétrospective nous invite à y regarder de plus près.